Qui n’a jamais eu l’occasion d’avancer une coquette somme d’argent à un agent de police pour pouvoir s’en sortir sans grand dommage ? Un récent sondage organisé par LeadSA révèle qu’au moins 2.500 pots-de-vins auraient été demandés par les officiers de police métropolitaine durant les trois derniers mois, plaçant ainsi la Province du Gauteng en tête des actes de corruption
(Crédit Photo: Mélina Huet)
Un acte banal montré du doigt par LeadSA
La corruption au sein de la police métropolitaine Sud-Africaine a fait l’objet d’un sondage révélant que 2.500 « pourboires » auraient été demandés par des agents en service ces trois derniers mois au moins. Les interrogés étaient les auditeurs de Primedia Radio Stations à Cape Town, ainsi que les lecteurs de Independent Newspapers. La question posée était simple : « Avez-vous donné un pot-de-vin à un agent de police au cours des trois derniers mois ? » 2.500 sondés ont ainsi répondu « oui « .
Des résultats édifiants mais pourtant sous-estimés
Les résultats ont montré que 1.889 « bribes » comme on les nomme ici, ont été distribués à Johannesburg, 387 en Ekurhuleni, 121 à Pretoria et seulement 9 dans la région du Cap Occidental, faisant des habitants du Cap les plus respectueux du PACCA (Prevention and Combating of Corrupt Activities Act) rédigé en 2004 [l’acte prédominant concernant la corruption en Afrique du Sud NDLR]. » Aussi surprenant que cela puisse paraître, le sondage ne révèle pas suffisamment à quel point la situation est mauvaise, même si les chiffres produits sont saisissants « , annonce le JPSA (le projet de justice en Afrique du Sud). « Nous estimons que les résultats ne sont que la partie émergée de l’iceberg et que le problème est bien plus grave que ce que ce seul sondage révèle « .
Des témoignages révélateurs
Les réponses détaillées montrent que les pires endroits sont aujourd’hui les banlieues nord de Johannesburg, où les officiers de police métropolitaine sollicitent en permanence des pots-de-vin de la part des automobilistes en état d’ébriété. « La police attendait à l’extérieur du Baron [Pub-restaurant] et vous extirpait du véhicule pour conduite en état d’ébriété, et c’est ce qu’ils ont fait toute la nuit : juste collecter de l’argent en échange d’une liberté temporaire » explique un motard. Le sondage a également révélé que les voitures aux couleurs flamboyantes ainsi que les femmes seules étaient des proies récurrentes. Certains annoncent même avoir été les victimes de menaces par des officiers extrêmement violents. « Je ne voulais pas arroser les policiers mais j’ai du le faire car ils ont menacé de m’enfermer dans le CBD, sur Commissioner Road. J’étais simplement perdu et seul, effrayé aussi » raconte un autre conducteur. Au Cap, l’aéroport s’est quant à lui révélé être un « hotspot » pour ce genre de pratique.
Mélina Huet – publié sur http://www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html – le mercredi 17 Novembre 2010