Il y a cinquante ans, la chute de Phnom Penh, capitale du Cambodge aux mains des Khmers rouges, marquait le début d’un génocide qui a fait jusqu’à deux millions de morts. Parmi les 600 000 Cambodgiens qui ont fui l’horreur, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ont trouvé refuge en France. Que reste-t-il aujourd’hui de leur mémoire et de celle de leurs enfants ?
« Ça peut paraître excessif, mais d’une certaine façon, on meurt ce jour-là parce que tout ce qui était vrai la veille ne l’était plus le jour même. » Ces mots de Sera, artiste franco-cambodgien, résonnent comme un écho douloureux aux centaines de milliers de vies transpercées par la guerre, le génocide et l’exil. À travers les témoignages de rescapés et de leurs descendants, cet épisode de C’est en France explore les difficultés de la transmission mémorielle et du déracinement. Comment transmet-on l’indicible ? Comment grandit-on avec un héritage fait de silence et de non-dits ?
De l’ambassade française de Phnom Penh aux camps de réfugiés thaïlandais, des villages alsaciens aux banlieues parisiennes, le film retrace ces parcours d’exil et de reconstruction. Entre Sera, qui a trouvé dans la bande dessinée un moyen de panser ses blessures, Sambo qui a mis quinze ans à se sentir chez elle en France, ou Virak qui découvre tardivement l’histoire de son père, chaque destinée révèle la difficulté de faire dialoguer les générations autour d’un trauma collectif. Cinquante ans après, alors qu’un mémorial voit le jour à Lognes, « première ville asiatique de France », la parole se libère. Car comme le rappelle Sun-Lay, président de l’association Fragmentis vitae Asia : « La mémoire, c’est le remède aux maux du présent. »
Réalisation Mélina Huet
Rédaction en chef Stéphanie Cheval et Loïck Berrou
Images Nasrine Benzebbouchi, Mélina Huet et Jonathan Walsh
Montage Mélina Huet
Mixage Antoine Sextier
Infographies Julien Le Maguer et Mélina Huet
Archives INA, Scandrone
Musique Audionetwork
Remerciements Sébastien Kong, Fragmentis Vitae Asia