[Reportage news] Le déminage à haut risque des agriculteurs ukrainiens

En Ukraine, c’est une course contre la montre qui a débuté pour les agriculteurs. 

Avant l’invasion par la Russie, le pays était le 4e exportateur mondial de céréales et d’oléagineux.

Mais depuis, les fermiers enchaînent les épreuves :

  • L’an passé, certains n’ont pas pu semer ou récolter à cause des bombardements;
  • Pour les autres, il était souvent impossible d’exporter leurs céréales faute de corridor;
  • Désormais ils font face à des champs minés ou bardés de munitions

Avec Charlotte Lefetey, nous sommes allées à la rencontre d’agriculteurs de la région de Kharkiv – partiellement occupée par les forces russes jusqu’à l’automne 2022.

Voici notre reportage réalisé avec Nazar Kuzma

Images : Charlotte Lefetey et Mélina Huet

[Reportage news] En Ukraine, la seconde vie des grands blessés

En Ukraine, depuis le début de la guerre, l’impossible bilan humain ne concerne pas seulement le nombre de morts. Se pose aussi la question de ces milliers d’hommes et de femmes lourdement blessés qui porteront les stigmates de la guerre dans leur chair, littéralement, jusqu’à la fin de leur vie.

Quid de leur inclusion dans la société, de leur avenir.

Unbroken Ukraine leur permet, entre autres, de réapprendre à marcher.

Marta Syrko sublime leurs peaux, leurs corps abîmés.

Avec Charlotte Lefetey nous avons rencontré Petro qui, à lui tout seul, pourrait tirer le fil de cette guerre jusqu’à l’infini.

Blessé à Marioupol, amputé, fait prisonnier, échangé… Le tout alors que sa femme avait accouché de leur premier enfant… À Enerhodar, ville sous occupation où la célèbre centrale nucléaire dite de « Zaporijia » se trouve. Sa femme et sa fille qui ont dû fuir quand elles ont appris qu’elles étaient recherchées par les soldats russes car Petro avait tenté de défendre Marioupol.

Ce scénario digne d’Hollywood n’a rien de fictif. C’est la réalité de cette guerre.

“La seconde vie des grands blessés”, notre premier reportage réalisé en binôme avec Charlotte pour LCI

[Reportage news] Au cœur de l’opération Orion 23

Opération Orion 23

Ce nom ne vous dit peut-être rien…
Pourtant il s’agit du plus gros exercice militaire organisé depuis 30 ans en France.

12 000 soldats, français et étrangers, mobilisés dans tout l’hexagone pendant plusieurs mois pour simuler un affrontement de haute intensité.

Avec Morgan Paupe, nous avons pu assister début mai à la quatrième et dernière phase de cette opération –des combats urbains–, qui entre particulièrement en résonance avec l’actualité internationale…

Images : Morgan Paupe et Mélina Huet

Montage : Mélina Huet

[Reportage news] En Ukraine, dans le train de la survie

Avril 2023

Un an après l’attaque de missile la plus meurtrière sur des civils depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, nous sommes retournés à la gare de Kramatorsk.

Le 8 avril 2022, cette frappe faisait plus de 60 morts et des centaines de blessé-es, certain-es à vie.

Nous avons ensuite décidé de rentrer du Donbass par le train.

Car en Ukraine, le rail a longtemps été l’objet de toutes les critiques : corruption du secteur, infrastructures vieillissantes et système impossible à réformer. Mais aujourd’hui plus que jamais, le chemin de fer est loué par les habitant-es, qui y voient un outil indispensable pour connecter l’arrière et le front, les civils et les militaires, ou encore les humanitaires et les habitants.

On y a rencontré une famille séparée (momentanément) par la guerre, un soldat qui raccroche l’uniforme et dit adieu à ses gars, un autre qui a vu son talon exploser à Bakhmout et part se faire soigner dans la capitale et un chef de bord qui a participé à l’évacuation de milliers de civils au début de la guerre totale, en février et mars 2022.

« Les chars en premier, les trains en second »
Celle que d’aucuns qualifient de « deuxième armée » du pays a des milliers d’histoires à raconter.

Images : Morgane Bona
Fixeur : Dmytro Kovalchuk

[Reportage news] Hélicoptères soviétiques : parole de pilote ukrainien

Avec des semaines de retard, je publie cette interview de Denys que nous avions réalisée avec Morgane Bona début avril. Quelques minutes de vol avec ce jeune pilote d’un vieil hélicoptère d’attaque soviétique, un Mi-24 datant de 1983 dans lequel il avait déjà effectué une centaine de vols depuis février 2022 pour appuyer les forces terrestres 🇺🇦 près de Bakhmout.

Bakhmout qui n’est aujourd’hui plus que désolation. Bakhmout qui, au-delà de son aspect « militaro-militaire » discuté depuis des mois (un fameux « point de fixation »), était une ville du Donbass comme une autre il y a encore 16 mois.
Bakhmout où plus de 70 000 habitants vivaient paisiblement, dans des barres d’immeubles ou des zones pavillonnaires.
Bakhmout qui a été sacrifiée sur l’autel de cette invasion russe à grande échelle.

[Reportage news] En Ukraine, le repos des guerriers

Au-delà de la dimension physique du conflit, il y a un aspect dont les militaires ukrainiens ont très tôt pris conscience : celui du moral et de la santé mentale des troupes.

Grâce à Dmytro Kovalchuk, nous avons pu nous rendre dans un centre de réadaptation entièrement dédié à revivifier des soldats épuisés psychologiquement. Dans cet endroit tenu secret, les militaires passent trois jours à être à l’affût de ce que leur corps leur communique, à écouter leurs compagnons d’infortune chanter et jouer de la guitare, à bien manger, à jouer au tennis de table ou aux fléchettes. Trois petits jours non loin du front pour qu’ils puissent repartir, vite.

Daniier, le premier homme qui apparaît dans le sujet, nous disait qu’il était désormais impossible d’accorder 3 semaines de répit dans les Carpates, comme cela a pu être fait il y a quelques mois. Trop loin, trop long, trop bon, les hommes ne voulaient plus repartir au front. C’est ainsi.

“𝐿𝑒𝑠 ℎé𝑟𝑜𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑟𝑚𝑖 𝑛𝑜𝑢𝑠, 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟𝑒𝑟, 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑒𝑢𝑥 𝑐𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑐𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑡ê𝑡𝑒. »

Marina, la psychologue, nous a parlé de l’après. L’après-guerre. L’après-front. L’après-tout. La nécessité de guérir. Vraiment guérir. Ne plus mettre de pansement sur une jambe de bois, comme elle le fait aujourd’hui, à regret.

“𝐿𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑢𝑚𝑎𝑡𝑖𝑠𝑚𝑒 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡, 𝑖𝑙 𝑣𝑎 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑣𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑎 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑒𝑟𝑠é 𝑣𝑖𝑎 𝑑𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑎𝑠ℎ𝑏𝑎𝑐𝑘𝑠. 𝐴 𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑚𝑒𝑛𝑡-𝑙à, 𝑛𝑜𝑛 𝑠𝑒𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑙 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑠𝑒 𝑏𝑙𝑒𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑙𝑢𝑖, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖 𝑠𝑎 𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒 𝑜𝑢 𝑠𝑒𝑠 𝑒𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡𝑠.”

“𝐽’𝑎𝑖 𝑑𝑒𝑠 𝑟é𝑐𝑖𝑡𝑠 𝑑𝑒 𝑔𝑒𝑛𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠𝑠é𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑓𝑒𝑛ê𝑡𝑟𝑒, 𝑢𝑛𝑒 𝑎𝑚𝑖𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑚’𝑎 𝑑𝑖𝑡 𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 é𝑡é é𝑡𝑟𝑎𝑛𝑔𝑙é𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑠𝑜𝑛 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑒𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒 à 𝑙𝑎 𝑓𝑎𝑣𝑒𝑢𝑟 𝑑’𝑢𝑛 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑎𝑠ℎ𝑏𝑎𝑐𝑘𝑠. 𝑉𝑜𝑖𝑙à 𝑙’𝑢𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑒𝑥𝑒𝑚𝑝𝑙𝑒𝑠 à 𝑙𝑎 𝑓𝑜𝑖𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑏𝑎𝑠𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑒𝑓𝑓𝑟𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑎 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑎𝑢𝑥 𝑠𝑜𝑙𝑑𝑎𝑡𝑠.”

Et puis, bien sûr, il y a Andrii. Celui que vous voyez à la fin du reportage, les yeux mouillés. Celui dont on nous dit souvent qu’il a le même regard que tant de poilus sur les photos, ces soldats de la Première Guerre mondiale.
Andrii qui nous disait : “𝐼𝑐𝑖 𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑐𝑒 à 𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛 𝑐𝑒 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑙𝑎 𝑚ê𝑚𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒.”
Andrii qui poursuivait : “𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑎𝑙𝑚𝑒, 𝑞𝑢𝑒 ç𝑎 𝑛𝑒 𝑡𝑖𝑟𝑒 𝑝𝑎𝑠, 𝑡𝑢 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒𝑠. 𝑇𝑢 𝑣𝑎𝑠 𝑑𝑜𝑟𝑚𝑖𝑟 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙’𝑎𝑏𝑟𝑖. 3 ℎ𝑒𝑢𝑟𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑖𝑙, 𝑒𝑛𝑠𝑢𝑖𝑡𝑒 𝑡𝑢 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟𝑛𝑒𝑠 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒𝑟. 𝑇𝑢 𝑑𝑜𝑖𝑠 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒𝑟. 𝑇𝑢 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑙𝑒 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠.”
Andrii qui concluait, quand on lui demandait ce dont il rêvait le plus au monde : « 𝐿𝑎 𝑓𝑖𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒. »
Andrii qui n’a pas dit : « 𝑳𝒂 𝒗𝒊𝒄𝒕𝒐𝒊𝒓𝒆 ». Ca parait rien, là, comme ça, mais croyez-moi, ça change tout.

A l’image : Morgane Bona

    [Reportage news] A Avdiivka, ville bientôt « rayée de la surface de la terre » ?

    Parmi les reportages qui nous ont marqué-es, avec Morgane Bona, il y a celui réalisé à Avdiivka, avant que les portes de la ville ne se referment derrière nous et ce, pour plusieurs semaines.

    31 000 habitants environ début 2022. Plus que 2000 âmes à peine en ce mois de mars où nous y avons mis les pieds.

    Avdiivka est sur la ligne de front depuis 2014.
    Début mars, les frappes russes s’y sont intensifiées.
    La ville est quasiment entièrement détruite.
    Un état des lieux pire qu’à Bakhmout, avec laquelle on la compare pourtant régulièrement.
    Le lendemain de notre passage, le chef de l’administration militaire locale annonçait que la ville était « en train d’être rayée de la surface de la terre » et y interdisait d’accès les journalistes

    Pour Olga, Iaroslav, Sasha, les deux Mykhailo, Ivan mais aussi Vitalii, qui ne figurent pas dans le reportage mais qui nous ont accordé du temps.
    Et pour toutes celles et ceux qui restent, accroché-es à leurs brindilles, leurs pierres et leurs souvenirs, malgré le danger.

    Et aussi aux autres… qui tentent de les sauver.

    A l’image : Morgane Bona
    Fixeur : Dmytro Kovalchuk

    [Reportage news] Avec un bataillon tchétchène combattant aux côtés des Ukrainiens

    Quand on pense aux soldats tchétchènes évoluant en Ukraine, on a souvent en tête les « 𝑲𝒂𝒅𝒚𝒓𝒐𝒗𝒕𝒔𝒚 », ces hommes de Ramzan Kadyrov qui dépendent de la garde nationale russe et se battent aux côtés des forces du Kremlin.

    Mais plusieurs bataillons tchétchènes combattent 𝒂𝒗𝒆𝒄 les Ukrainiens pour repousser l’agresseur.

    Pourquoi un tel engagement ? Avec Morgane Bona, nous avons rencontré en mars des soldats du bataillon ᴅᴊᴏᴋʜᴀʀ ᴅᴏᴜᴅᴀïᴇᴠ quelques heures avant qu’ils ne partent se battre en direction de Bakhmout

    Images : Morgane Bona

    [Reportage news] Dans le Donbass, la classe sans l’école

    En Ukraine, après plus d’un an de l’invasion à grande échelle du pays par la Russie, près d’un tiers des salles de classe n’a toujours pas rouvert. 2 700 000 enfants sont obligés d’étudier à distance ou dans un format mixte.

    Dans le Donbass, les élèves tentent tant bien que mal de suivre une éducation en ligne, malgré les coupures de courant et d’internet et les alertes aux bombardements.

    Avec Morgane Bona et Dmytro Kovalchuk, nous avons tenté de comprendre comment grandissait cette génération.
    Notre reportage réalisé pour LCI

    [Reportage news] En Ukraine, congeler son sperme avant d’aller au front

    Difficile d’estimer le nombre de morts — civils et militaires — depuis le 24 février 2022, mais le bilan se chiffre en dizaines de milliers. De nombreuses cliniques privées ont décidé de proposer aux soldats ukrainiens de congeler leur sperme gratuitement.


    Le but : permettre à leurs compagnes d’avoir un enfant dans le cas où ces hommes viendraient à être blessés ou même à mourir sur le front.

    Le jour de la diffusion, la Rada a voté une loi actant la gratuité de la congélation du sperme ET des ovocytes des soldats et soldates pour une utilisation seulement en cas de blessure. La reproduction post-mortem reste une zone grise qui pose des questions éthiques.

    Reportage réalisé avec l’excellente Morgane Bona à la caméra,  Dima Kovalchuk au fixing