De la logique du profit à celle des responsabilités

Session 6 – De la logique du profit à celle des responsabilités

Si l’entreprise, cœur de l’innovation et moteur de l’économie, a sans conteste sa place dans la dynamique globale, les avantages et les devoirs qu’on lui attribue restent sources de nombreux débats. Parce qu’on lui demande beaucoup et qu’elle endosse ainsi de – trop – nombreuses casquettes, on en oublie parfois la raison première de sa présence dans l’économie. Au cœur du débat, alors que les PME représentent le cœur du tissu industriel, rejaillit la redéfinition du rôle de la grande entreprise.

Valeurs sociales et sociétales. « C’est un sujet très vaste, j’avais envie de changer le titre en « défendre les entreprises dans un monde qui ne les aime pas » », annonce Serge Villepelet, sous les rires de l’auditoire. « Avec la crise : vous n’imaginez pas la difficulté actuelle que vivent les entreprises, dans leur fonctionnement comme dans leur perception. […] En recrutant des jeunes, les entreprises ont aussi un rôle de formation ». Se dessine alors un triptyque dans le discours du patron de PwC : dimension citoyenne/ sociale/ sociétale. Il esquisse ainsi une prise de position qui rassemblera la totalité des intervenants : la responsabilité – qu’elle soit environnementale, sociale ou encore éthique – doit être à la fois moyen et fin de la grande entreprise au XXIe siècle, et justifie son existence. Une vision reprise par Laura Tyson, conseillère de B. Obama : entre shareholders [actionnaires] et stakeholders [parties prenantes], il faut choisir. Et c’est l’éthique qui influence ce choix. Le véritable nouveau défi serait le suivant : au lieu de maximiser leur profit ou satisfaire leurs actionnaires, les entrepreneurs se doivent – et essaient de plus en plus – de maximiser leur valeur sociale.

L’éthique en question. La crise a en effet porté l’attention sur la responsabilité des grandes entreprises. Comme le souligne M. Larrain, patron de Banco Santander au Chili, « l’absence de règles d’éthique des grands patrons, constatable dès 2009, a redéfini le rôle de l’entreprise. C’est la raison de l’existence d’une crise, avec le manque total d’intérêt pour la règlementation : on a préféré les intérêts à court terme de quelques uns, à celui général, inscrit dans le long terme ». Tous les intervenants soulignent l’importance de cette opposition avec la vue de Milton Friedman, qui disait en 1970 que « La responsabilité sociale de l’entreprise [était] d’accroître ses profits ».

Entre image et profit. La perception de la grande entreprise par ses parties prenantes ou les consommateurs est évidemment liée aux profits, mais dans un rôle désormais inversé : c’est par la responsabilité sociétale des firmes que s’améliore leur vision et donc que le succès est au rendez-vous. Ce que souligne V. Kaushik, ancien directeur général de Tata Sky : « le développement durable est désormais au cœur du succès des grandes entreprises ! […] votre marque est davantage acceptée si votre entreprise est sociétalement responsable ; les profits, eux, suivent ». Et de conclure : « les meilleurs intérêts de la planète combinés aux meilleurs intérêts des hommes vont induire ceux de votre entreprise ». En parallèle des valeurs portées par l’entreprise et sa Responsabilité (empreinte écologique, aide au développement, lutte contre la corruption, éthique des grands patrons, etc.), il faut retenir deux autres éléments : la transmission desdites valeurs au sein de l’entreprise et au-delà, ainsi que la gestion du management au XXIe siècle.

Mélina Huet

Publié sur: http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/spip.php?article850

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