REPORTAGE PHOTOS – « In Situ Art Festival », du street art à Aubervilliers

Construit sur approbation d’Adolphe Thiers en 1843 afin de défendre Paris des invasions, le Fort d’Aubervilliers a eu plusieurs vies : tour à tour lieu privilégié par Frédéric et Irène Joliot-Curie (« fille de ») pour leurs recherches sur la radioactivité au début du XXe siècle, gendarmerie puis casse automobile dans les années 80, ses 35 hectares accueilleront d’ici à 2022 un nouveau quartier d’habitat faisant la part belle aux espaces verts. Mais si le lieu a beaucoup fait parler de lui récemment, c’est pour d’autres raisons. S’y tenait en effet du 17 mai au 27 juillet une immense expo de streetart : l’In Situ Art Festival.

« L’art n’est pas une activité élitiste réservée à l’appréciation d’un nombre réduit d’amateurs, il s’adresse à tout le monde »

Qu’on ne se méprenne pas, cette phrase n’est pas de moi – qui en aurait douté après tout ? – mais de Keith Haring. Elle me revient à l’esprit le samedi 27, dernier jour des festivités, ultime chance de me rendre dans le « neuf-trois » (il parait que c’est la formule consacrée) pour faire plaisir à mes yeux en manque depuis la Tour Paris 13. Punks à chien, bobos, mamans du 16e, hipsters et pères à poussette se pressent avenue Jean Jaurès. La plupart se dirige vers le Fort d’Aubervilliers et sort de la station de métro éponyme. Aucun doute : le street art n’est pas (« n’est plus » diront certains) réservé à un groupe de mecs un peu « undergound » ou pour le moins en marge de la société. S’il reste parfois incompris, trop souvent perçu comme du simple vandalisme, l’art urbain – et le graffiti en particulier, attise la curiosité de plus en plus de monde, loin de l’ambiance piquante des micros-trottoirs vus dans Style Wars en 1983.

C’est d’ailleurs un an après la sortie de ce documentaire sur le streetart dans la Grosse Pomme, et à près de 6000 km à vol d’oiseau, que le Fort d’Aubervilliers accueillait le festival de hip hop Fêtes et Fort, le premier festival de hip hop connu dans l’hexagone. Pas un hasard si trente ans plus tard c’est ce lieu emblématique que choisit donc l’association Art en Ville pour recevoir une cinquantaine d’artistes – d’ici et d’ailleurs – qui donneront naissance à une soixantaine d’œuvres sur le thème de la transition. Visite guidée d’un pari énorme… et réussi. Le tout en images, bien sûr.

Les artistes

9ème Concept (FR) / 13bis (FR) / 93 MC + guests (FR) / Jef Aerosol (FR) / Michaël Beerens (FR) / Borondo (ES) / Btoy (ES) / Stéphane Carricondo (FR) / Le Cyclop (FR) / Sylvie Da Costa (FR) / Dan23 (FR) – Graffiti Research Lab France (FR) / Guy Denning (GB) / Jean Faucheur (FR) / Laurence Favory (FR) / Fenx (FR) / FKDL (FR) / H101 (ES) / HEC + guests (FR) / Kan (FR) / Kenor (ES) / Rachid Khimoune (FR) / Kouka (FR) / Kram (ES) / Jace (FR) / Jana&JS (FR-AT) / Jim (FR) / Jimmy C (AU) / Benjamin Laading (NO) / Levalet (FR) / Marko93 + guests (FR) / Gilbert Mazout (FR) / Monsieur Qui (FR) / Mr Bmx (FR) / Mygalo (FR) / Nemi (FR) / Milo (FR) / On Off (FR) / RCF1 (FR) / Ripo (GB) / Jorge Rodriguez Gerada (CU) / Sixo Santos (FR) / Stoul (FR) / Pierre Terrasson (FR) / Willy Vainqueur (FR) / David Walker (GB) / Gérard Zlotykamien (FR)

 

Le coup de coeur

Pour cette œuvre-là, les simples badauds que nous sommes doivent prendre de la hauteur. Dommage pour nous: il n’existe pas de belvédère ou autre « point haut » pour profiter de l’incroyable fresque de Jorge Rodriguez Gerada. Cet artiste cubain est connu pour ses immenses portraits d’habitants remarqués pour leur implication dans la vie des quartiers, portraits réalisés dans le cadre d’une œuvre globale qu’il a intitulée « Identity ».

A Aubervilliers c’est Nicole Picquart, travaillant dans le quartier de la Maladrerie, qui a été élue « héroïne du quotidien » et qui a vu son visage peint au sol sur… 1200 m²!

Avec ce portrait hors du commun, Jorge Rodriguez vient ainsi de réaliser sa plus grande fresque au sol… jusqu’à la prochaine, évidemment.

Nicole Picquart par Jorge Rodriguez Gerada //  Photo: © Mélina Huet
Nicole Picquart par Jorge Rodriguez Gerada // Photo: © Mélina Huet

Jorge Rodriguez Gerada VUE DU CIEL

Jorge Rodriguez Gerada avec son modele

 

Mélina Huet

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