[Reportage news] En Cisjordanie occupée, Jénine au coeur de tirs fratricides

Janvier 2025.

Il y a tant à dire sur Jénine.

Le camp de réfugiés se trouve à l’intérieur de la ville éponyme, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Il est souvent considéré comme un bastion des groupes armés palestiniens.

Le 21 janvier, tout juste deux jours après le début d’une trêve tant attendue dans la bande de Gaza, l’armée israélienne, appuyée par des bulldozers, des avions et des véhicules blindés, a lancé une opération baptisée « 𝗠𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝗙𝗲𝗿 ».

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Les habitant-es l’avaient prédit, hors caméra : « 𝑇𝑢 𝑣𝑒𝑟𝑟𝑎𝑠, 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙’𝐴𝑃 (𝐴𝑢𝑡𝑜𝑟𝑖𝑡𝑒́ 𝑝𝑎𝑙𝑒𝑠𝑡𝑖𝑛𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑁𝐷𝑅) 𝑎𝑟𝑟𝑒̂𝑡𝑒𝑟𝑎 𝑠𝑜𝑛 𝑠𝑖𝑒̀𝑔𝑒, 𝑙’𝑎𝑟𝑚𝑒́𝑒 𝑖𝑠𝑟𝑎𝑒́𝑙𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑣𝑎 𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑓𝑖𝑛𝑖𝑟 𝑙𝑒 𝑠𝑎𝑙𝑒 𝑏𝑜𝑢𝑙𝑜𝑡 ».

Que veulent-ils dire ? Rencontré-es il y a trois semaines, les hommes, femmes et enfants de ce reportage (diffusé le 6 janvier), parlent des affrontements entre les combattants des brigades et les forces de sécurité palestiniennes.

Du 5 décembre 2024 au 1er janvier 2025, la vie locale s’était presque stoppée net dans la ville. Rideaux tombés, commerces fermés. Trop de tirs.

« 𝑳𝒂 𝒑𝒍𝒖𝒑𝒂𝒓𝒕 𝒅𝒆𝒔 𝒈𝒆𝒏𝒔 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒕𝒖𝒆́𝒔 𝒑𝒂𝒓 𝒃𝒂𝒍𝒍𝒆 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒐𝒏 𝒏𝒆 𝒔𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒅’𝒐𝒖̀ 𝒄̧𝒂 𝒗𝒊𝒆𝒏𝒕 », dit cet homme à la fin du reportage, en me demandant de ne pas filmer son visage. De fait, les brigades djihadistes et les forces de sécurité se renvoient constamment la responsabilité des morts. Et les habitants craignent les deux camps.

Anwar Rajab, porte-parole des forces de sécurité, utilise le mot de « hors-la-loi » pour qualifier les combattants. Ces derniers, dont la plupart appartiennent au Hamas et au Jihad islamique, se définissent eux comme des « résistants » face à l’occupation israélienne.

Au milieu, des morts.
Des membres des forces de sécurité locales, des combattants, mais aussi des civil-es.
Encore et toujours.

Des gens qui, hier, craignaient d’être pris entre des feux fratricides et qui, aujourd’hui, meurent sous les balles de l’armée israélienne et voient leurs routes et leurs maisons rasées par les bulldozers.

Nombre d’habitants à Jénine (ville et camp) accusent l’AP d’employer les mêmes méthodes que l’armée pour se débarrasser des combattants et de participer à cette « punition collective » que dénoncent les habitants des camps de réfugiés du Nord de la Cisjordanie occupée (voir notre précédent reportage à Nour Shams et Tulkarem notamment, que j’ai aussi publié sur ce site) : méthodes violentes, arrestations jugées arbitraires, coupures d’eau et d’électricité dans l’objectif affiché d’affaibilir les groupes armés… mais qui affectent au passage la vie de dizaines de milliers de personnes.

Le but d’après les Palestiniens que nous avons interrogés ?
Le Fatah, en la personne de Mahmoud Abbas, souhaite prouver à Israël (et à ses alliés) qu’il peut « tenir » la Cisjordanie et donc potentiellement Gaza, dans l’optique d’un cessez-le-feu.

[Reportage Focus + debrief studio] « Nos enfants n’oublieront pas » : en Cisjordanie, les Palestiniens dénoncent une punition collective

English version below

Reportage diffusé le 19 janvier 2024 sur France 24

𝗔𝘁𝘁𝗲𝗻𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗶𝗺𝗮𝗴𝗲𝘀 𝗽𝗲𝘂𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗵𝗼𝗾𝘂𝗲𝗿.

« 𝑁𝑜𝑠 𝑒𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑛’𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 »:
Les habitants des camps de réfugiés palestiniens dénoncent une punition collective

Depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, au moins 300 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par les forces israéliennes ou par les colons selon des ONG de défense des droits humains palestiniennes et israéliennes.

Avec Andrew Hilliar et Bassam Abu Alrub, nous nous sommes rendus dans plusieurs camps de réfugiés de Cisjordanie, où l’armée et la police ont multiplié les ‘raids’, arrêtant ou tuant des dizaines de Palestiniens.
Israël justifie ces incursions par sa lutte contre le terrorisme. Les habitants, eux, racontent vivre dans la peur de voir des membres de leur famille tués sommairement ou leurs maisons détruites

Reportage réalisé avec l’aide de la rédaction des @observateursf24

Images, montage : Mélina Huet

[Reportage news] RD Congo : dans le bidonville de Pakadjuma, des Congolais bien loin des préoccupations électorales

Reportage diffusé le 20 décembre 2023 sur France 24

English below

𝐄𝐥𝐥𝐞, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 « 𝐦𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐄𝐥𝐢𝐚𝐧𝐞 »

C’est en tout cas comme ça qu’on l’appelle à Pakadjuma, du haut de ses 28 ans. Si tout le monde, ou presque, la connait dans ce tentaculaire bidonville de Kinshasa, c’est qu’elle fait partie des (trop?) nombreuses personnes qui tentent d’y pallier les manques de l’État.

Par l’éducation.
𝑆𝑢𝑟𝑡𝑜𝑢𝑡.

50 000 personnes au moins s’entassent aux abords d’un quartier ultra riche de la capitale de République démocratique du Congo.

Hier*, 44 millions d’électeurs étaient invités à élire conseillers municipaux, régionaux, députés et Président. 100 000 candidats en tout.

𝘾𝙚𝙣𝙩 𝙢𝙞𝙡𝙡𝙚

Pour autant de promesses déçues, nous disent les habitants de Pakadjuma que nous avons rencontrés.

Notre reportage pour  France 24 avec Andrew Hilliar et Ivan Kasongo
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*Et aujourd’hui, faute d’avoir pu ouvrir la totalité des 75 000 bureaux de vote

[Reportage news] Ukraine : accompagner les traumatismes

En janvier, alors que nous tournions un reportage sur les violences sexuelles liées à la guerre en Ukraine, nous avons été frappé-es par une chose : les hommes et les femmes que rencontrent ces équipes de psychologues, qui travaillent en lien étroit avec le bureau de la procureure, ne demandent parfois qu’une seule chose : parler.

Parler, parler, parler.

Que le traumatisme soit lié à des violences sexuelles ou pas, les deux Iryna et Vasyl prennent le temps d’écouter ces habitantes (ce ne sont que des femmes dans le cas présent) traumatisées par des semaines d’occupation de leur village par les forces russes et plus généralement par un an d’une invasion à grande échelle qui a bouleversé leur vie.

Merci infiniment à Olga Ivashchenko de nous avoir permis de suivre cette équipe de psychiatres et à Elena Volochine et Daryna Viter pour la traduction

Ecriture, images, montage : Mélina Huet

[Reportage Focus] En Ukraine, des hommes aussi victimes de crimes sexuels

[TW : violences sexuelles liées à un conflit] // See the English version at the end

J’aurais aimé pouvoir vous donner davantage d’éléments de contexte plutôt que de devoir rectifier des modifications apportées au reportage sans mon consentement.

Hélas !

Sans Olga Ivashchenko et Daryna Viter, ce sujet n’existerait pas.

Elles devraient donc être en signature de ce reportage, comme je l’indique systématiquement.

On ne rappellera jamais assez l’importance de ces héros et héroïnes de l’ombre, appelé-es vulgairement « fixeurs-fixeuses », sans qui nous ne pourrions pourtant pas faire grand chose et qui sont, le plus souvent, également journalistes. Merci donc à Olga et Darka 🌬️ pour leur implication à toute épreuve dans ce sujet sur lequel je travaillais depuis de nombreuses semaines 🙏

Adel Gastel a aussi contribué à ce reportage difficile, avec ses merveilleux dessins qui permettent de mettre des images sur ce que nous ne pouvons filmer. Merci à lui d’avoir mis son talent au service de ce sujet.

Iryna Didenko, qui apparaît à la fin du reportage, n’est pas la procureure en charge des « crimes de guerre ». Elle est à la tête d’un département spécialisé dans les « crimes sexuels liés à un conflit », comme je l’avais également indiqué.

Tout son travail (et le travail de son bureau) est, précisément, d’enquêter et de constituer des dossiers pour définir ce qui relève du crime de guerre ou ce qui ressort du crime de droit commun (dont certains crimes contre l’humanité — comme la systématisation des viols ou tortures sur parties génitales, font partie).

Et enfin le sujet lui-même (le titre va être changé sur le site, pour correspondre à la réalité) : il s’agit bien d’un angle particulier. Celui des hommes victimes, eux aussi, de violences sexuelles. Avec une dimension propre à tant de conflits : les bourreaux s’assurent que leurs victimes ne pourront plus se reproduire.

Réalisé entre Kyiv et Kherson avec mon collègue de la chaîne anglophone, Luke Shrago.

Ecriture, images, montage : Mélina Huet

Dessins : Adel Gastel

Merci à Denys Denysov de nous avoir conduits un peu partout pour réaliser ces reportages #Superмашина

[Reportage news] Ukraine : avec le « Banksy ukrainien » à Kharkiv

L’artiste de rue Gamlet Zinkivsky a peint des centaines de murs au cœur de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays, après le retrait russe en mai.

Avec Luke Shrago et Olga Ivashchenko , il nous a fait faire le tour de quelques unes de ses œuvres, lui qui a transformé les traces de bombes à fragmentation en autant de fleurs… Celui que certains qualifient (sans doute de manière exagérée) de « Banksy ukrainien » aide aussi à collecter plusieurs dizaines de milliers d’euros par mois pour les civils et les soldats — en vendant son travail aux enchères notamment…

Avec Luke Shrago à la caméra cette fois

Montage : Mélina Huet

[Reportage news] Dans la région de Kharkiv, le minutieux travail d’enquête sur les crimes de guerre

Depuis le 10 octobre, les frappes russes sur l’Ukraine se sont intensifiées.

Les autorités ukrainiennes se sont fixé un objectif : documenter les crimes de guerre (ciblage de civils de la part de Moscou). Un peu partout dans le pays, les bureaux du procureur conservent précieusement tous les fragments de missiles balistiques ou de croisière tombés sur le sol ukrainien.

Nous avons pu accéder à l’un de ses endroits situés quelque part dans la région de Kharkiv. Vous ne verrez aucun plan large car l’endroit est tenu secret.

Images et montage : Mélina Huet

[REPORTAGE LONG FORMAT] Islande, paradis de l’égalité femmes-hommes ? 

Il y a quelques mois, je me suis rendue en Islande, une île habituellement connue pour ses glaciers, ses volcans et ses aurores boréales. Mais ce pays est aussi un laboratoire scruté pour son modèle de société et ses institutions démocratiques. Son parlement, fondé en l’an 930, est sans doute l’un des plus anciens au monde. En 2021, il est aussi devenu le plus paritaire d’Europe, avec près de 48% de femmes élues.

Depuis plus d’une décennie, l’Islande est à la tête du rapport sur l’égalité entre les femmes et les hommes publié par le Forum Économique Mondial.

Que fait ce petit pays de 376 000 habitants pour sortir son épingle du jeu ? Mérite-t-il sa réputation de paradis de l’égalité femmes-hommes ? Voyez mon long format pour France 24

Production : Yemaya Prod

Merci à Loick Berrou et Claire Hopes pour leur confiance

Emission : Reporters.

Images, écriture et montage : Mélina Huet

Fixing : Sigríður Sólan Guðlaugsdóttir

Chronique parue dans Le Monde le 02 mars 2023

[Reportage news] Ukraine : à Koupiansk, près de la ligne de front qui se fige peu à peu

Une trêve unilatérale qui n’existe qu’à la télévision russe…

C’est en somme ce que nous avons pu constater avec Luke Shrago et Olga Ivashchenko en nous rendant non loin de Koupiansk, à 2 km de la ligne de front, entre la région de Kharkiv et celle de Louhansk – dans le Donbass.

Là-bas, les forces ukrainiennes n’ont presque pas bougé depuis plus de trois mois, après avoir repris des pans entiers de leur territoire à la Russie en septembre. La région est au cœur de duels d’artillerie intenses qui se sont poursuivis pendant la période du Noël orthodoxe, malgré une prétendue trêve annoncée par la Russie donc.

Images et montage : Mélina Huet

[Reportage news] À la frontière biélorusse, auprès des soldats de la défense territoriale ukrainienne

Depuis plusieurs semaines, le ministère russe de la Défense diffuse des images de centaines de militaires en manœuvre à quelques kilomètres au nord de l’Ukraine. Le Kremlin maintient la pression et veut faire passer un message : ces soldats récemment déployés en Biélorussie peuvent pénétrer sur le territoire ukrainien à tout moment.

Avec Luke Shrago et Olga Ivashchenko, nous sommes allés à la rencontre de soldats de la défense territoriale ukrainienne positionnés à quelques kilomètres de la frontière biélorusse.

Ils sont prêts, nous disent-ils, à repousser l’ennemi si la menace était mise à exécution.

Images, montage : Mélina Huet

[Reportage news] En Ukraine, survivre à l’obscurité

En Ukraine, survivre à l’obscurité.

Ce reportage me tenait particulièrement à cœur, alors que le pays entrait dans son 11e mois de guerre. Avec en toile de fond, un danger omniprésent : des frappes de drones ou de missiles russes à répétition depuis le 10 octobre 2022.

Pour certain•es, maintenir un semblant de vie « normale » est devenu primordial pour ne pas se noyer dans la réalité de la guerre.

Avec Luke Shrago et Daryna Viter, nous avons suivi deux habitants de Kyiv qui tentent, coûte que coûte, de préserver leurs passions malgré les coupures de courant à répétition.

Images et montage : Mélina Huet