« Le jeu qui vous permet de capitaliser sur la cote des candidats à l’élection présidentielle. » Voilà comment se décrit « Présibourse », un site à l’apparence un brin technique mais à vocation avant tout humoristique.
Comment ça marche ?
Pour comprendre le fonctionnement de cette bourse un peu spéciale, j’ai décidé de me lancer moi-même dans l’aventure. Tout d’abord, c’est un jeu auquel chacun peut s’adonner gratuitement. Après le choix de votre pseudo – on vous propose « JeromeKerviel » (humour ou nostalgie ?) – vous êtes parés. Si vous êtes véritablement intéressé par la possibilité de renflouer votre compte bancaire, passez votre chemin : ici point de billets, seulement des prézipoints. Oui, vous avez bien entendu : des prézipoints (ou pzpts pour les traders confirmés). On vous en offre généreusement 2500 dès votre inscription. Avec cet argent, vous pouvez ainsi acheter vos premières actions et réaliser vos premières transactions.
C’est parti !
Si le site est bourré de flashs de réindexation qui vous mettent mal à l’aise, pas d’inquiétude : pour utiliser présibourse, pas besoin d’être diplômé d’HEC. Les cours des candidats évoluent en direct en fonction du nombre d’achats et de ventes : plus un candidat est acheté plus son cours monte, et inversement. Pour nous petits traders, il n’y a aucune restriction : nous pouvons acheter et vendre autant que nous le souhaitons dans la journée (la bourse est ainsi ouverte de 7h à 23h, car oui, il faut bien manger, dormir et aller au petit coin). Ainsi, spx2012, avec 5000 pzpts en poche – ne nous demandez pas pourquoi nous avons bénéficié de 2500 points supplémentaires – est un « padawan ». On est en droit de se demander quel nombre de prézipoints nous devons obtenir pour nous métamorphoser en humble jedi. Les points obtenus permettent d’acheter autant d’actions, dans une limite de 1000 actions par achat, des actions que vous pouvez tout aussi bien vendre.
Une métaphore intéressante
En somme, voici un site qui pourrait être renommé « La Bourse pour les nuls » : une méthode simplifiée pour se familiariser avec des techniques qui pourront toujours servir dans le futur, sur un sujet bien évidemment actuel et qui vous permettra de dégager les grandes tendances. Mais attention, celles-ci sont toujours… de très courte durée.
Au-delà d’un site amusant, c’est toute une perspective de la politique qui est abordée ici : celle de la marchandisation d’une campagne devenue complexe (et complexifiée) à l’heure de la crise… et des choix utiles. « Car les hommes et femmes politiques sont devenus des marques. Des marchandises. Qui se vendent, s’achètent, s’échangent. Et dont la valeur est le reflet de l’offre et de la demande », peut-on très justement lire sur le site. « Crise financière mondiale, perte du AAA, scandale au FMI. Encore plus qu’hier Présibourse est aujourd’hui devenu une évidence : ce sont les marchés qui font la loi. Ce sont les marchés – et les sondages – qui font l’élection ». En osant filer la métaphore, il s’agit ici de démontrer qu’à défaut d’assister à une politique en action, l’électeur pourra au moins bénéficier d’une politique… en actions.
Mélina Huet
publié sur le site d’information sciencespoaix2012.fr