Investir dans la recherche et restaurer le rôle de l’agriculteur

Session 13 – Investir dans la recherche et restaurer le rôle de l’agriculteur

Comment résoudre le problème de tarissement ou de redistribution des ressources alimentaires face à une démographie qui monte en flèche ? Les économistes ont tendance à penser qu’il s’agit là d’un problème d’offre (disponibilité des terres, productivité) et de demande (démographie, revenu par tête, habitudes alimentaires) – l’offre et les prix se situant au milieu. Mais d’autres points essentiels se doivent d’être relevés.

Consommation et gains de productivité. Tous les économistes l’affirment : le revenu mondial va augmenter, ce qui devrait permettre aux ménages de consommer plus. En parallèle et de façon presque contradictoire, la part de l’alimentaire dans les dépenses va diminuer. Un élément positif, puisque cela va nécessairement limiter la pression sur les marchés agricoles. Pourtant, comme le souligne Erik Orsenna, les ressources ne manquent pas : « la rareté n’est pas opiniâtre, elle est paresseuse », insiste l’académicien. « On n’investit pas suffisamment dans l’agriculture », précise-t-il. Quant au progrès technique, il doit davantage être accepté socialement.

La question des prix. Le revenu moyen va mondialement augmenter, ce qui ne veut pas dire que le revenu de chaque individu va s’élever. Dans certains pays en voie de développement, en dépit de l’augmentation du revenu moyen, les éléments de nutrition seront donc insuffisants. Kym Anderson, spécialiste des problèmes en lien avec l’OMC, établit lui un lien de causalité inquiétant pour la productivité agricole : la hausse des prix du pétrole entraîne inévitablement la hausse des coûts de production, en particulier dans les pays pauvres, et asphyxie ainsi l’agriculture. Le tout ayant de nouveau un impact sur le prix des produits agricoles finaux. La solution serait donc d’investir massivement en R&D, afin de trouver une alternative aux moyens de production nécessitant ou du pétrole, ou des biocarburants (ayant un impact néfaste sur l’environnement).

La place de l’agriculteur dans la société. Cette question, avec laquelle les économistes ont reconnu ne pas être à l’aise, est pourtant au cœur du sujet, et a été abordée par tous les conférenciers. E. Orsenna relate ainsi le mépris des agriculteurs ainsi que la pression qui leur est imposée par les citadins, qui souhaitent avoir des produits agricoles aux prix les plus faibles. Autre élément inquiétant constaté par les participants : si l’on a une transition massive de la population agricole vers d’autres emplois au niveau mondial, cela pose une question de révolution sociale dont on ne connaît pas encore les enjeux internationaux. Enfin, Boitshepo Giyose (NEPAD) s’efforce de corriger un poncif : en Afrique, même les agriculteurs meurent de faim. La raison ? L’absence de marché organisé.

Trois éléments fondamentaux se dégagent donc en conclusion de cette session. D’abord la place de l’agriculteur dans notre société et dans le système économique : il est d’abord un entrepreneur (ou devrait l’être), mais a aussi un rôle d’entretien du paysage, a prendre davantage en compte dans les politiques publiques dans les pays autres que ceux de la PAC. Ensuite le modèle productif : entre spécialisation totale et autosuffisance alimentaire, il est nécessaire de trouver un juste milieu. Enfin, la politique de l’agriculture ne doit pas être dissociée de celle de lutte contre la pauvreté, dans les pays en voie de développement, mais aussi dans ceux industrialisés.

Mélina Huet

publié sur : http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/spip.php?article876

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.