Christine Angot – Une semaine de vacances… et deux heures d’errements sporadiques

Une semaine de vacances - Christine ANgot

Christine Angot s’est rendue à Aix-en-Provence ce jeudi pour présenter son dernier livre, Une semaine de vacances, dans le cadre des entretiens du Centre des Écrivains du Sud. Celle que l’on qualifie parfois d’ « intraitable » ou d’ « incorrigible »  fait rarement dans la dentelle. Elle était donc attendue sur cette sortie littéraire qui l’avait écartée de la première liste du prix Goncourt. L’auteure n’a pourtant pas créé d’échauffourées dans l’amphithéâtre Zyromski, où un public éclectique –étudiants et moins jeunes, fidèles lecteurs ou détracteurs – patientait.

C’est une Christine Angot décontractée qui s’exprime, se présentant à un auditoire en grande partie déjà conquis. Et ce ne sont pas les pérégrinations intellectuelles et littéraires de l’auteure qui effraient les fidèles lecteurs. Si personne ne quitte l’assistance, ses réponses – souvent loin des questions posées par Paule Constant –, peuvent agacer. Une étudiante s’amuse : « on dirait Jean-Claude Van Damme à la française ». Christine Angot mène en effet son auditoire là où elle le souhaite et les rôles s’inversent parfois, comme quand l’invitée garde pour elle le micro, le tendant à son bon plaisir à Paule Constant lorsqu’elle souhaite arbitrairement mettre fin à une question et en réclamer une autre.

Ces questions, parlons-en justement. Pêle-mêle « Pourquoi choisir une forme littéraire plutôt qu’une autre ? Quelle forme d’ailleurs ? Et pourquoi publier ? Quels rapports avec les éditeurs et avec la critique littéraire ? » A toutes ces interrogations elle ne répondra point, préférant des anecdotes personnelles qui réjouissent la galerie : « six ans entre un manuscrit fini, envoyé, et sa première publication. Six ans à regarder dans la boîte aux lettres, à n’avoir soit rien, soit une lettre de refus. Et encore ! Je ne parle pas des dimanches ! » ironise l’auteure, sous les rires amusés de l’assistance.

Cet entretien littéraire se fera aussi sous le signe des confessions : « Léonore toujours est le livre qui symbolise ce que je continuerai toujours à faire et ce que l’on me reproche souvent : la trivialité du sujet. ‘‘Ha bon, on peut écrire à partir de ça ?’’. En fait, mes livres commencent toujours par cette interrogation : ‘‘ha bon ?’’. […] Etre un écrivain, c’est pouvoir supporter le vide, de ne rien avoir dans les mains mais continuer d’aller sur la chaise ».

Un peu tard, elle répondra tout de même à la question de la critique littéraire et du rapport à l’éditeur: « on m’a dit que j’étais dangereuse, et pour mon mari, et pour ma fille. J’avais envie de leur dire  ‘‘de quoi je me mêle ?’’ », s’agace-t-elle en riant… un peu jaune.  « Les livres sont comme des lecteurs, ils se font insulter. Un éditeur sert à protéger le livre des insultes ; c’est donc très important d’en avoir un. Celui qui a été le plus « insulté » fut « Le Marché des amants ». C’est très douloureux ».

Après une heure et demi, et au moment où tout le monde semble avoir oublié la raison de sa venue, l’auteure s’exprime enfin sur son dernier livre. Loin des sujets légers et pourtant toujours dans cette ambiance décontractée, la question de l’humanité est abordée : « lorsque je rédige une scène où une fille est piétinée par son père, déshumanisée, ce n’est pas moi qui l’écris ou qui le dis. Jamais je ne lui donne la parole d’ailleurs. C’est le lecteur, en sachant ce qu’est l’humanité, qui va lui-même décider de la rendre au personnage ou pas, et d’accuser le père… ou pas. Sans un lecteur qui rétablit cette humanité, le livre n’a pas lieu d’être ».

Et de conclure sur cet exercice qu’elle aime tant et auquel elle s’adonne avec plaisir : la lecture.

Mélina Huet

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