PORTRAIT – Laurent Morlet, réalisateur de « With Her »

Le 5 août dernier, se commémorait un peu partout dans le monde le 51e anniversaire de la mort d’une icône. Plus d’un demi-siècle après sa disparition, Marilyn Monroe fascine toujours autant. Un réalisateur français, installé à Los Angeles depuis 2004, lui rend hommage dans un documentaire qui sort de l’ordinaire, « With Her ». Portrait de Laurent Morlet, ce compatriote qui a traversé l’Atlantique pour passer du petit au grand écran.

Il est 19h à Paris et 10 heures du matin à Los Angeles quand je découvre pour la première fois ce réalisateur enthousiaste. Les visioconfs ont cela d’admirable qu’elles nous épargnent la raideur d’un appel téléphonique – souvent trop formel–, impliquent un contact brut et franc, et nous permettent de mettre un visage sur un nom (merci le XXIe siècle !). Mais elles ont aussi les inconvénients de leurs avantages. Je rencontre donc quelqu’un dans son « habitat naturel »… qui vient de se réveiller. Mais il me rassure « si j’ai des petits yeux, c’est parce que je me lève. Rassurez-vous, je ne suis sous l’emprise d’aucune substance illicite ». Le premier contact est à l’image du réalisateur : rieur et décontracté.

Laurent Morlet et Leonardo DiCaprio aux Golden Globes 2013 © Lionel Vanhersel
Laurent Morlet et Leonardo DiCaprio aux Golden Globes 2013  © Lionel Vanhersel

Tandis qu’il me prouve, image à l’appui, la bonté du soleil californien depuis son jardin – je grince des dents en contemplant le ciel gris de France – et alors qu’il me fait faire le tour du propriétaire, on parle show business et madeleine de Proust. Oui, rien que ça.  Car il faut commencer…  là où tout a commencé. Le Frenchy n’a pas le profil du Parisien un peu agaçant, qui aurait grandi dans la capitale et fait son petit bonhomme de chemin en côtoyant les plus grands à l’âge de 12 ans, le tout arrosé de dîners mondains à tire-larigot. Non. Laurent est né à Limoges, et il a eu une enfance somme toute normale. A cela près que son grand-père tenait l’un des plus grands cinémas de la région, le cinéma UNION. Il en parle avec nostalgie, en admettant volontiers le privilège de son enfance, lui qui a grandi dans une maison où vivait toute sa famille : « dans son bureau, mon grand-père me montrait le matériel promotionnel que lui envoyaient les Studios de Hollywood : affiches de films originales, photos de tournage, figurines, etc. et ça me faisait rêver ! C’est là que j’ai découvert le cinéma américain, le cinéma tout court ! ». Dans le grenier, ou son papi a aménagé une salle de classe, Laurent s’essaie déjà aux scénarii, à son échelle bien sûr : «  cet endroit au froid sous les toits était un vrai paradis pour moi. Je jouais au prof et j’inventais des histoires pour les raconter à mes élèves. […] Mon enfance m’a donné une force incroyable. Cette même force qui m’a permis d’affronter les eaux troubles du show business des années plus tard. Quand je replonge dans ces souvenirs, j’y trouve de l’énergie, des valeurs et beaucoup de rires et d’amour ».

Car de la force il en faudra pour les différentes étapes de la vie de ce jeune homme optimiste, qui part d’abord faire des études à Paris dans l’audiovisuel, puis les abandonne pour poursuivre un travail d’assistant auprès de PPDA. C’est là que tout s’accélère. A à peine 23 ans, il pousse la porte du bureau de Poivre d’Arvor et lui dit : « Ecoute, j’en ai marre d’être assistant, je veux être producteur ! ». Il revit le moment et parait encore surpris de son audace : « je ne sais pas ce qui m’a pris, j’étais pourtant encore si peu sûr de moi… le lendemain PPDA m’a appelé et m’a dit ‘‘La semaine prochaine, tu deviens producteur de mon émission littéraire EX LIBRIS, en direct sur TF1’’ … et c’est à ce moment-là que j’ai arrêté de dormir paisiblement la nuit ! ». Il rigole et cumule les anecdotes sur ses rites de passage. De plateaux en plateaux, le producteur se fait un nom et est même nominé aux  7 d’Or en l’an 2000 pour l’émission « Qui est Qui? ». Un jour, une nouvelle opportunité se présente, et il part pour Los Angeles afin d’y diriger le bureau du Film à l’Ambassade (Los Angeles Film & TV Office of the French Embassy). Ce sera son travail de 2004 à 2009. Il y côtoiera les plus grands et réalisera son premier court métrage, « Norma Grace », en 2008.

Avec « With Her » en 2012, il signe un 52mn original, qui prend le parti de montrer la Marilyn du XXIe siècle, celle toujours vivante à travers ses fans, de tous âges et de toutes conditions. Pour le cinquantenaire de sa mort, le documentaire est dévoilé sur Itunes à la date symbole du 5 août. Je lui demande ce qu’il aimerait que les gens retiennent de « Wih Her ». La réponse est immédiate : «  Que la force d`une légende comme Marilyn est loin d`être virtuelle. Cette force irradie encore des gens aujourd`hui, au plus profond d`eux-mêmes. Plus qu`une star de cinéma, cette femme leur sert de guide dans la vie, même si cela fait plus de 50 ans qu`elle nous a quittés ».

Si vous étiez:

  • Un film: Sunset Boulevard
  • Une musique: celle de Michel Legrand
  • Un documentaire : Shining : The Making of the Shining (1980), par la fille de Kubrick
  • Une ville  : Ojai, petit écrin de douceur et de bon vivre perdu dans les montagnes au large des côtes californiennes

 

Lire son interview sur Le Blog du Cinéma

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