Son nom était déjà connu des journalistes et des communicants, beaucoup moins du grand public. Gaspard Gantzer est un personnage clef du documentaire « Un temps de président », diffusé sur France 3 le 28 septembre.
Article initialement publié sur le CFJ Lab
Son téléphone vissé à l’oreille, Gaspard Gantzer n’est jamais loin du président. Lors de la gestion du scandale « Merci pour ce moment », le livre surprise de Valérie Trierweiler. À l’annonce de la libération de l’otage Serge Lazarevic. Ou lors des attentats de Charlie Hebdo. Les images d’Yves Jeuland, qui a suivi le président pendant six mois, révèlent l’omniprésence de son jeune conseiller en communication. Diffusé sur France 3 le 28 septembre, le documentaire met en lumière un homme habitué à travailler dans l’ombre.

Nommé conseiller chargé des relations avec la presse et chef du pôle communication à l’Elysée en avril 2014, l’énarque de 36 ans fait partie de cette « jeune garde » présidentielle à laquelle L’Obs consacrait sa une en février. Ce trentenaire hyperactif partage avec le président la même proximité que Jean-Pierre Jouyet, ami de longue date avec le chef de l’Etat. Les images d’Yves Jeuland, non commentées, parlent d’elles-mêmes : Gantzer y tutoie le président, à peine arrivé rue Faubourg Saint-Honoré.
« On va faire une photo ? »
En tout juste un an, le trentenaire a su se montrer indispensable sur le front de la communication. Il est celui qui révise le discours tenu aux ministres lors de la première réunion du gouvernement Valls II. Une dizaine de journalistes, appelés pour l’occasion, assiste au conseil. « Gouverner la France, c’est une tâche exigeante ». La phrase est d’abord prononcée par Gantzer. Dans les coulisses, il la répète, menton levé et bloc-notes à la main. Puis le président fait de même, devant un parterre de caméras. Flash qui crépitent et boutons « rec » enfoncés : le conseiller a rempli son rôle.
Il a le souci du moindre détail. Lors d’un entretien accordé au Monde, le jeune conseiller est assis à la droite de Hollande. Il s’active sur un calepin puis propose une photo. Gantzer s’inquiète très sérieusement de la coiffure de son chef: « on va mettre un petit euh… oui ». Pas besoin de développer : le président a compris. Il se repasse la main dans les cheveux.
Les journalistes à l’épreuve des relations publiques
Mais ce chef d’orchestre de la com’ renvoie aussi l’image d’un jeu parfois dangereux pour les journalistes accrédités à l’Elysée. Lors de la nomination de Macron à l’Économie, l’une d’entre eux demande : « C’est quoi la phrase clef ? ». Gantzer dicte : « Le plus important, c’est qu’il a toute la confiance du président ». Les crayons glissent à l’unisson sur le papier. La phrase est reprise immédiatement, sans distance, devant les caméras de chaînes d’information.
Au bout d’une heure quarante, le documentaire consacré à Hollande se referme sur une image de son conseiller. La nuit est tombée. Sur son scooter, Gantzer quitte l’Elysée.