Deux têtes d’affiche à couteaux tirés, mais est-ce vraiment un combat équitable?
Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud depuis le 9 mai 2009, est un autodidacte parvenu au pouvoir lors de sa lutte anti-apartheid, après avoir été vice-président de 1999 à 2005 et élu à la tête de l’ANC en décembre 2007.
Depuis quelques années et avant même son accès à la présidence, son image est entachée par des affaires de corruption, fraude, blanchiment d’argent et même de viol le 6 décembre 2005, dans une affaire qui a fait le tour du monde des médias.
Julius Malema, de trente-neuf ans son cadet, est quant à lui président de l’ANCYL depuis 2008 (African National Congress Youth League), comme le fut Nelson Mandela auparavant.
L’un des plus fervents soutiens de Jacob Zuma durant sa campagne contre Thabo Mbeki, il affirme être « prêt à prendre les armes et à tuer » pour soutenir celui qui deviendra le treizième Président de l’Afrique du Sud. Durant l’affaire qui inculpe ce dernier de viol, Malema va même jusqu’à affirmer que la victime a « passé du bon temps » en guise de défense pour son mentor. Véritable lien Maître/Apprenti ? Pas si sûr…
Là où le bât blesse
Depuis quelques temps, le discours politiquement incorrect de Julius Malema agace, et plus seulement ses adversaires. Si par exemple il accuse Helen Zille, chef de l’opposition libérale, d’avoir une « tête d’espionne de l’apartheid », J. Zuma ne sera bientôt plus épargné, tout comme les médias – il a récemment traité un journaliste de la BBC de « bâtard » doté d’une « tendance de Blanc à attaquer les Noirs ».
Ainsi, celui que certains qualifient d’ « enfant terrible de l’ANC », a ce mois-ci critiqué le Président pour son goût de la polygamie et a même annoncé ne pas soutenir J. Zuma s’il briguait un second mandat, en 2014.
Un spectacle permanent dont les journalistes ne perdent pas une miette
Qu’ils soient d’Afrique du Sud, Européens ou outre-Atlantique, les médias se régalent de ce festin offert presque quotidiennement par les deux hommes : l’un cumulant les affaires douteuses révélées au grand jour, l’autre se jouant parfois du premier, mais toujours au moyen d’un discours incisif et brûlant. Un franc-parler qui irrite souvent, amuse la plupart du temps.
« pour certains il n’est qu’un clown, à peine une marionnette politique. Pour d’autres, il est la voix des sans-voix ».
Ainsi, le 27 février, un article en ligne de la BBC News titrait : Julius Malema : Genius, clown or fat cat ?, précisant que « pour certains il n’est qu’un clown, à peine une marionnette politique. Pour d’autres, il est la voix des sans-voix ».
C’est donc naturellement que tout un chacun attendait le très controversé président de l’ANCYL au tournant le vingt septembre dernier, lors du Conseil de l’ANC à Durban. Si le Président sud-africain a réaffirmé son autorité après avoir été la cible d’attaques répétées de la part de ses adversaires, Julius Malema lui, a préféré se taire…
La question est alors la suivante : « oui, mais pour combien de temps ? ». Depuis la fin du congrès de Durban Julius Malema a laissé entendre qu’il ne se représenterait pas à la fin de son Mandat à la tête de l’ANCYL, il semblerait donc qu’il soit hors course, mais comme il nous a habitués à de nombreux rebondissements… Affaire à suivre.
Mélina Huet
Publié sur lepetitjournal.com, de Johannesbourg (consulter l’article en ligne)