Du 15 au 24 Avril aura lieu le “Tournoi des deux hémisphères” en Languedoc. L’inauguration d’édition 2011 de la compétition s’est tenue ce Samedi au stade Bill Jardine, la maison des « Raiders », en banlieue de Johannesburg. Retour sur une jeune génération de rugbymen français, sud-africains et russes qui vont vivre une expérience hors du commun, pour la troisième année consécutive

(Crédits photos: Florence Hennion)
Une initiative privée mais un bénéfice commun : faire émerger les talents cachés de communautés souvent ignorées
Le tournoi des deux hémisphères (T2H) est un tournoi de rugby qui a été initié par le Lycée français Jules Verne de Johannesburg en 2009, lors duquel s’affrontent les 3 meilleures équipes de « Moins de 20 ans » sud africaines et françaises. Après deux premières éditions dans la nation arc-en-ciel (Johannesburg, Soweto, Parkhurst et Konka camp), c’est la région Languedoc qui, cette année, accueillera les joueurs Sud-Africains… et russes. Cette année en effet, un autre continent vient rejoindre celui africain et européen avec les « Moins de 20 ans » de Russie qui entrent dans la compétition.
En plus de fournir un haut niveau de rugby à ses spectateurs et différents joueurs, le tournoi de 2011 permet également aux comités de partager leur emploi du temps entre obligations sportives et formation de nouveaux partenariats avec les institutions locales. Ces partenariats ont pour but de fournir une plateforme pour le développement et l’émergence de nouveaux talents sud africains parmi les joueurs de communautés désavantagées.
En 2011, les participants seront ainsi les Lions de Johannesburg (troisième participation) et les Raiders de Bosmont (deuxième participation). Du côté français, les équipes du Languedoc, de PACA et de Rhône-Alpes, ainsi que l’équipe de « Moins de 20 ans » de Russie.
Questions à Patrice Bousquet, proviseur du lycée Jules Verne de Johannesburg et directeur du Tournoi des deux hémisphères
Lepetitjournal.com : Vous avez un partenariat qui court, depuis plusieurs éditions déjà, avec le Fonds Nelson Mandela Children. Par quel moyen comptez-vous renforcer cette coopération avec le tournoi de 2011 ?
Un partenariat existe entre la Nelson Mandela Children Fund et le comité Languedoc notamment. L’édition précédente a ouvert d’autres champs d’intervention comme le domaine de la santé et l’accompagnement de la construction d’un hôpital pour enfant par un grand chirurgien français basé à Montpellier. Ce sont ces pistes qui sont approfondies, le comité du Languedoc a rencontré encore récemment un représentant de la fondation à l’occasion de la visite du président Zuma à Paris.
Que représente pour vous l’accueil nouveau de la Russie dans ce tournoi ?
La Russie est déjà un partenaire de longue date du comité Languedoc. La présence de la Russie va renforcer la dimension internationale du tournoi, avec une équipe de qualité puisqu’il s’agit de leur équipe nationale des moins de 20 ans, qui participera à la Coupe du Monde 2011 en Nouvelle-Zélande.
Qu’ont apporté les précédentes éditions pour les enfants selon vous, au regard de l’échange culturel entre des pays qui se connaissent peu ?
Au-delà des rencontres sportives, le tournoi a été l’occasion pour les jeunes Français de découvrir l’Afrique du Sud. Les visites (historiques : musée de l’Apartheid, Soweto et la maison de Mandela), les rencontres avec des écoliers sud-africains et les représentants de la Nelson Mandela Children Fund, la visite du parc du Pilanesberg leur ont permis de mieux appréhender ce pays et de le comprendre.
Pour les élèves du Lycée il s’agit aussi d’un moment important car des séances d’entrainement de rugby sont conduites par les joueurs des comités et des rencontres/échanges débats sont organisés. C’est un moment important car il véhicule les valeurs essentielles du rugby et rappelle combien il est important de conduire une carrière sportive sur des bases humaines mais aussi scolaires, solides. Les témoignages de ces jeunes joueurs, tous futurs professionnels, certains même internationaux, ont une valeur d’exemple.
Et qu’en pensent les joueurs ? Nous avons posé quelques questions à Mustapha Davis, le « tour coordinator » et vice-président des Raiders, ainsi qu’à Hashim Gasamt, le capitaine et Georges Pudie, un joueur sud africain venant du Cameroun
Que pensez-vous de cette opportunité pour vous de pouvoir voyager en France et d’y rencontrer tous ces joueurs venant d’une culture et de milieux différents, avec un mode de vie lui aussi différent ?
MD : C’est la chance d’une vie pour ces enfants! Certains n’ont jamais quitté Jo’burg ou n’ont pas de transports pour venir s’entraîner et c’est le club qui doit aller les chercher. Les enfants n’oublieront jamais une telle invitation !
HG: C’est une opportunité incroyable pour le club, pour l’équipe et la communauté. On est fier de pouvoir la représenter. Les joueurs sont impatients d’en apprendre plus sur la culture française, de se familiariser avec l’hémisphère nord. Ils remercient le lycée français de leur offrir une telle chance.
GP : C’est un pas en avant pour ma carrière sportive. J’ai déjà participé au tournoi l’an dernier et rencontré les joueurs français. Je suis habitué !
Quels sont les clichés que vous avez de la France et qu’est ce que vous pensez trouver en Languedoc ?
HG : On s’attend à du vrai rugby avec un haut niveau. On est très heureux de jouer contre des équipes françaises. On espère découvrir la gastronomie française et en apprendre plus sur la culture du pays !
GP : La « bouffe », la façon d’être, de vivre à la française !
Est-ce que vous pensez que ce championnat va vous aider à accélérer votre carrière dans le rugby? Ou peut-être que vous avez d’autres projets pour le futur, un autre métier en tête?
MD : 75% des joueurs veulent jouer en tant que pros. J’espère que certains d’entre eux pourront jouer pour un club français un jour
HG: C’est une occasion pour nous d’améliorer notre niveau et c’est un grand pas pour accroître nos capacités de jeu. Pour le moment nous nous concentrons sur le tournoi mais qui sait ? On verra si quelque chose se présente à nous !
GP : J’ai été managé par François Gelez (manager des moins de 21 ans de l’équipe d’Agen) au Cameroun. C’est une opportunité de plus d’être repéré.
Dans son discours, Derrick Jardine, le président du club des Raiders, annonce que c’est la première fois en cent ans qu’une équipe de la communauté ira jouer à l’étranger. Une nouvelle initiative donc qui sert l’égalité des chances en Afrique du Sud.
Mélina Huet – publié sur http://www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html – le mercredi 23 mars 2011
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image à la une: Les Languedociens soulèvent le trophée PHOTO/photo J. L.