Aix-en-Provence, qui compte en 2012 près de 40 000 étudiants, souffre à la fois d’un déficit de logements publics et d’un parc privé aux loyers démesurés. Une situation dénoncée par de nombreuses associations étudiantes.
La Confédération étudiante (Cé) exhortait déjà la maire à prendre des mesures dans une lettre ouverte écrite en mars 2011 : « […] d’un point de vue moral, le logement est une composante essentielle de la réussite des étudiants. Etre logé dans de bonnes conditions, à proximité de son campus et à un prix raisonnable est une condition indispensable au succès dans les études. Or, ces conditions ne sont pas remplies à Aix », pouvait-on lire dans ce pamphlet adressé à Maryse Joissains Masini. Un an plus tard, l’offre de logements publics est toujours insuffisante : 10% d’étudiants uniquement peuvent se loger en « cité U » alors que la barre des boursiers a dépassé les 30%.
Troisième ville étudiante la plus chère de France
Le centre-ville est donc logiquement pris d’assaut par les étudiants, qui n’hésitent pas à crier au scandale. En août, le site Logement-étudiant.fr a diffusé son baromètre annuel des loyers dans les quatorze principales villes étudiantes de France. Sans surprise, Aix-en-Provence figure parmi les villes les plus chères de l’hexagone, juste derrière Nice et Paris. Il faut ainsi débourser 504€ en moyenne pour un studio/T1 contre 318€ pour une ville comme Poitiers, bonne élève du classement. « La situation du logement à Aix est une entrave au bon déroulement de nos études, et accentue les inégalités entre les étudiants » explique Sarah, qui cumule petits boulots et études de droit.
Des abus en prime
Certains propriétaires profitent du départ d’un locataire pour augmenter significativement le loyer, confortés par la tension locative. Même si ces pratiques sont visées par les projets d’encadrement des loyers de l’actuel gouvernement, rien aujourd’hui ne permet d’éviter les abus. Jeunes, peu au fait de leurs droits en matière de logement et parfois nouveaux venus dans la région, les étudiants sont une cible facile. Si les demandes d’envoi d’argent pour réserver un bien sont notamment une pratique interdite depuis 1989, les exemples ne manquent pas. Confortés par la pénurie de logements, certains bailleurs glissent parfois même des clauses illicites et abusives dans les contrats de location, comme le révélait une étude de l’ADIL 75 en 2011. D’autres réclament l’engagement de plusieurs garants ou encore le versement d’une caution équivalent à trois mois de loyer. Enfin, les marchands de liste ont fait leur apparition. Cédées pour des centaines d’euros par des prétendus professionnels de l’immobilier, elles s’avèrent n’être que « de simples fichiers d’informations sur des biens disponibles, correspondant à des critères limitatifs et approximatifs imposés par [les vendeurs de listes] et extrêmement vagues », selon l’association de consommateur UFC-Que choisir, qui dénonce régulièrement ces pratiques.
La demande étant cinq fois supérieure à l’offre[i], les jeunes locataires devront donc compter sur la promesse du gouvernement, qui envisage la construction de 40 000 logements étudiants d’ici 2017.
Mélina Huet
[i] Le site mon-logement-etudiant.fr a constaté qu’il y avait, en juillet 2011, 5,3 fois plus de demandes que de logements étudiants disponibles.