Reportage au centre de santé d’Aix-en-Provence
Mercredi 19 septembre 2012Il y a un an, l’établissement était placé en redressement judiciaire. Fin 2012, le centre de santé est toujours sur la sellette. Face à l’indifférence du gouvernement, l’attente pèse sur le moral des employés comme sur celui des patients.
La rue du 4 septembre est calme, l’entrée du centre mutualiste dégagée et dans la salle d’attente règne un silence de cathédrale. Difficile d’imaginer un décor différent pour un établissement de santé. Pourtant, il y a près d’un an, la CGT organisait une manifestation bruyante contre le redressement judiciaire du Grand Conseil de la Mutualité (GCM) – une décision prise par le tribunal de grande instance (TGI) de Marseille le 8 novembre 2011.
Onze centres de santé et 200 000 patients concernés
Françoise, médecin d’école à la retraite, attend un soin dentaire. Elle n’était pas au courant de la situation et s’agite sur sa chaise. « C’est effrayant, répète-t-elle par trois fois. Je me soigne ici depuis vingt ans !». Après quelques minutes de silence, elle se souvient pourtant avoir signé une pétition : « Je n’imaginais pas la situation si alarmante. Comment allons-nous faire ? Aller systématiquement à l’hôpital ? Ils ne pourront pas gérer tout le monde ! ». En l’absence de centre mutualiste, les hôpitaux risquent en effet d’être pris d’assaut. C’est ce que redoute Véronique, assistante au centre depuis trente ans. Elle l’a vu naitre en 1981 et s’exprime avec vigueur : « On cherche de l’aide partout où l’on peut ». Elle nous tend un classeur rassemblant une trentaine d’articles et communiqués de presse, et de nombreuses lettres, motions ou pétitions rédigées depuis un an. Parmi les destinataires : Xavier Bertrand, Roselyne Bachelot, ou encore Hugues Parant, préfet de région, et bien sûr, le maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini. « On n’est pas du tout aidé par la mairie. Les promesses de campagne de Jean-David Ciot [élu député en juin NDLR], elles, sont parties en fumée après son élection. Nous sommes une structure reconnue d’utilité publique, qui emploie 1200 personnes et soigne plus de 200 000 patients par an ! ».
La santé : un bien de luxe
Le centre de santé mutualiste apparaît souvent comme la seule offre de soins facilement accessible. « On croit souvent qu’à Aix, les gens ont les moyens de se soigner : c’est faux ! s’exclame Véronique. On soigne beaucoup de personnes âgées et d’étudiants aux budgets serrés ».Elle explique que l’administration du Grand conseil de la Mutualité (GCM) vient de lancer un appel d’offres puis montre une photo dans un article en s’y désignant : « je participe à toutes les manifestations, on a vraiment besoin de soutien. Je ne sais pas comment ça va finir… ». Avant de quitter la pièce pour rependre du service, elle lance une invitation, comme un dernier rendez-vous avant le verdict final : « ce soir, on a un rassemblement à Marseille devant la préfecture. Faites passer le mot ».
La posologie devra donc être à la mesure du diagnostic établi par le tribunal de grande instance (TGI). La transformation de sept centres de santé sur onze en Maisons régionales de santé, avec l’appui financier du Conseil régional, est notamment évoquée par Sandra Cammilleri-Allais, présidente du GCM. Mais le jugement final appartient au TGI, qui statuera sur le sort des onze centres mutualistes le 23 octobre prochain.
Une réflexion au sujet de « Les centres de santé mutualistes des Bouches-du-Rhône : grands corps malades »