Il est 1h40. Mon vol retour pour le Mexique est dans exactement 12 heures. Dans 72, je serai de nouveau en France (non je ne pleurerai pas tout de suite, laissez-moi le temps d’atterrir). Un récap s’impose. Cuba ? Oui Cuba. Et bien Cuba… Bon : tout le monde va me demander comment était Cuba. C’est normal, ça fait deux semaines que je n’ai pas donné signe de vie et Cuba, ça intrigue un peu (attention, dans les carnets de voyage à venir, le mot Cuba sera utilisé à outrance. C’est pour me rappeler qu’un jour j’y étais, et qu’il y faisait beau. Si vous ne supportez pas ces deux syllabes, abandonnez tout de suite). Je disais donc que ça faisait deux semaines que je n’avais pas donné signe de vie. Et si on commençait par ça d’ailleurs. Un bon sujet (HashtagOuPas).
Aaaah l’Internet. Alors oui, évidemment, n’importe quel Français bien-pensant vous fera un petit commentaire au retour du type « oh mais comme ça a dû te faire UN BIEN FOU Jacqueline. Deux semaines sans emails? Nan mais je RÊVERAIS d’être à ta place! » ou bien vous aura abreuvé(e), avant de partir, de phrases telles que « De toute façon on est trop dépendants de la technologeââay aujourd’hui. Franchement, tu te rendras compte que t’en as pas besoin tant que ça. On peut lââârgement vivre sans ». Merci bien François, mais je vais quand même te dresser la jolie liste des ‘pour’ et des ‘contre’. Comme à l’école et juste pour le plaisir d’utiliser des bullet points. Plait-il ?
POUR :
- Deux semaines sans Facebook, Whatsapp, Twitter, Viber, et tout le tintouin, c’est salvateur et on ne l’apprendra à personne. Pas même au plus accroc.
En fait, lui-même sait qu’une cure de désintox lui ferait le plus grand bien. Particulièrement lorsqu’il observe sa jolie face de vampire le matin au réveil, dans l’écran de son smartphone qu’il aura au préalable verrouillé (parce que les miroirs, c’est trop mainstream, ça fait pas assez nerd)
- Le soir vous n’avez pas mal : aux yeux, au dos, au cou, aux pouces, à la tête (rayez les mentions inutiles)
- Vous avez gagné deux heures dans votre journée pour faire d’autres trucs, genre lire les journaux, ou un bouquin, vous faire les ongles (jesuissuperficielle.com), parler avec des vrais gens qui sont vraiment en face de vous, pour de vrai (et si tu es Jean-Michel hyperconnecté, tu as gagné une journée : tu peux donc t’applaudir. Bravo Jean-Michel)
- Vous réapprenez à vous perdre dans les ruelles d’une ville et c’est plutôt sympa. Sans ça, vous n’auriez jamais découvert cette petite cantine qui paye pas de mine et qui n’est ni sur Tripadvisor ni sur Foursquare (Faur qué ?) et qui fait pourtant des Piña Colada à tomber par terre (au bout de quatre ou cinq, je vous jure que si : vous tomberez vraiment par terre)
- Vous découvrez que vous parvenez encore très bien à lire une carte/un plan et qu’une boussole achetée à Décath’, ça peut s’avérer utile. En fait.
CONTRE (attention, ceci est un billet de blog de qualité avec un code couleurs mystérieux, sauras-tu deviner lequel?):
- Si vous êtes Cubain/Cubaine : apparemment vous n’avez pas tellement le droit de dire que vous êtes contre
- Si vous êtes étranger/étrangère et que vous êtes passé(e) du côté obscur de la force :
- Des symptômes de votre ancienne maladie persistent les trois premiers jours. Du type : « Je ne suis absolument pas d’accord. J’ai lu un article là-dessus il y a deux semaines. D’ailleurs, laisse-moi te montrer le site de… ha bah non ». ou encore : « Nan mais Maurice, on est perdu là ! Donne-moi deux secondes que je checke sur Google Maaaa…aaah non. Toujours pas ». « Elle est vraiment sympa cette chanson, Shazam là pour voir Jeannette? » (perdu !). Bref, vous avez saisi l’idée.
- J’ai dit plus haut que vous gagnerez quelques heures pour lire les journaux. Le seul petit hic, c’est qu’à Cuba, à part une version trilingue de « Granma », le journal le moins honnête que j’aie lu de ma vie, vous allez avoir du mal à savoir ce qui se passe vraiment dans le monde. Vous pouvez toujours regarder la télévision, mais ça va pas bien vous avancer, j’en ai peur. Résultat : vous allez revenir dans votre pays en étant persuadé(e) que les Etats-Unis l’auront d’ores et déjà rasé de la carte du monde. On peut être en total désaccord avec la politique étrangère du Red White and Blue, faut pas non plus pousser Obama dans les orties. Et si vous venez des USA et bien… et bien qu’est-ce que vous foutez à Cuba de toute façon ? Vous n’avez pas le droit d’y foutre les pieds, sauf à y « effectuer une mission humanitaire ». Et ça, c’est pas vraiment la faute de cette bonne vieille île.
- Si comme Bibi vous avez la chance d’être victime d’une fraude à la carte bancaire pendant votre agréable séjour (youpi), vous ne vous en rendrez compte qu’au bout de cinq ou six jours à essayer de retirer du liquide jusqu’à finir à sec (alerte jeux de mots), parce qu’évidemment tous vos proches ainsi que votre banquier auront la bonne idée de vous « prévenir » par email de ladite fraude. Par ailleurs, si votre carte est bloquée, que vous voyagez seul(e) et que vous arrivez à cours de cash dans une ville qui n’a pas d’ambassade pouvant vous représenter, j’espère que vous parlez espagnol : parce que vous allez devoir frapper à la porte de Maria Helena et de Leonardo et les supplier de vous laisser dormir gratos chez eux jusqu’à résolution du problème (attention, Maria Helena et Leonardo risqueront de ne pas vous croire au début, car tous les touristes sont supposés être plein aux as).
- Accessoirement vous ne saurez pas ce que vous avez sur votre compte bancaire, ce qui, dans le cas de mon amie qui était à découvert, peut s’avérer être utile.
- Pour vous consoler, vous ne pourrez pas regarder d’une seule traite la dernière saison d’Orange is the New Black
- Votre smartphone va exploser à votre retour dans n’importe quelle région possédant le Wi-Fi et vous allez être atteint d’un mini burn-out suivi d’une phase de mini-dépression post pré-internet
- Non, plus sérieusement… (et cela vaut surtout pour les habitants) : votre accès à la culture et aux informations (autre que celles que l’État vous impose vous suggère d’engloutir) et vos choix au quotidiens, allant de pair avec l’accès à une pluralité des opinions, seront limités. Les bouquins qui pullulent partout sur l’île ne parlent que de la révolution cubaine (toujours du point de vue gouvernemental) ou se résument à quelques biographies de, au choix : José Martí, Fidel Castro, Che Guevara (mais il y a aussi des poèmes sur le Che, sur Fidel et sur Martí, pour plus d’éclectisme). Votre liberté d’expression sera également, sur l’île, aussi inexistante que le talent de Justin Bieber. Le Cubain le plus « trouble-fête » que j’aie pu rencontrer était le patron d’un salon de tatouage qui a osé insinuer (en murmurant, faut pas déconner) que vivre à Cuba c’était « pas forcément le pied » et qu’il était pas fan de son gouvernement. Subversion quand tu nous tiens…
Bon allez, quand-même. C’était agréable sans Internet. Mais quinze jours, pas plus. Sinon, avec qui pourrais-je partager la liste des fraudes (à tire-larigot Jean-Jacques) qui attendent n’importe quel touriste s’aventurant à Cuba ? Ceci, cher routard, sera le sujet de mon prochain billet spécial Cuba. Et après c’est promis : j’en dirai du bien, de cette île. Parce que même sans Internet et après avoir essuyé toutes sortes d’arnaques en quinze jours, j’ai adoré ce petit bout de terre révolutionnaire. Et ça, faut vraiment le faire.
BIEN SOURI ET RI (TOUJOURS LA MEME)… DIS MOI : ES TU BIEN REDEVENUE UNE JEDI ??? BISES MN