[Humeur] Liberté j’écris ton NON

Lettre ouverte aux députés qui voteront la loi relative au renseignement le 5 mai prochain. Nous avons tous le pouvoir d’agir, de faire entendre notre voix. Nous sommes nombreux à le faire, envoyez un courrier ou appelez vos députés. Le maintien de nos libertés fondamentales est l’affaire de tous. Madame la Députée, Monsieur le Député, Le 5 mai vous voterez solennellement une loi à peine débattue dans un hémicycle vide. Je m’interroge. Étiez-vous présent-e pour discuter d’une des lois les plus liberticides jamais présentées sous la Ve République? Ou bien, comme nombre de vos ‘confrères’, avez-vous préféré ne pas remplir les fonctions pour lesquelles vous avez pourtant été élu-e. Le 11 janvier, des millions de Français ont manifesté pour défendre les nombreuses valeurs républicaines épinglées sur les frontons de nos monuments nationaux, parmi lesquelles nos libertés, qu’elles soient d’expression, de pensée, d’opinion, de réunion. Aujourd’hui, à peine quatre mois plus tard, le gouvernement se sert des morts tragiques de nos concitoyens pour légiférer dans l’urgence, en bafouant des principes pour lesquels se sont précisément battus les journalistes disparus en janvier. L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950 dispose pourtant que « toute personne a droit à la liberté d’expression. [que ] ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière ». En autorisant la collecte systématique de métadonnées, en effectuant donc un contrôle a priori et non a posteriori, via des algorithmes dignes d’un roman de George Orwell, vous vous abaissez au niveau de la NSA et autres agences de surveillance pourtant récemment épinglées, démontées, décriées, dans l’escalade de la surveillance et de l’intrusion dans la vie privée de dizaines de millions de personnes. A l’heure où les États-Unis font marche arrière en remplacent le Patriot Act par un Freedom Act, la France emprunte le même chemin que celui des USA post-2011.Vous pourrez parfaitement me renvoyer – si vous daignez répondre à la simple citoyenne que je suis évidemment – une lettre toute faite, certainement écrite par l’un ou l’une de vos conseillers-ères, avec de jolis éléments de langage, qui tentera de relativiser la gravité de ce texte. Nous savons vous comme moi qu’il ne s’agit pas d’une loi banale, qui peut être réduite à un texte ‘luttant contre le terrorisme’ pour le bien de tous. Nous connaissons vous comme moi les conséquences qu’aura le vote de cette loi pour les nombreuses années à venir et les risques de déviances auxquelles il expose tous les Français, sans distinction.

Liberté j’écris ton NON

Puisqu’il semble être nécessaire d’user voire d’abuser d’anaphores pour être aujourd’hui entendue, permettez-moi de vous exposer bar ce biais une liste non exhaustive de mes doléances

Moi citoyenne française, je refuse que l’ensemble de mes métadonnées soient collectées en temps réel sur Internet.

Moi citoyenne française, je refuse que la Commission de contrôle n’ait qu’un avis consultatif empêchant la prise de sanction pour les agents de renseignement qui abuseraient de leur pouvoir.

Moi citoyenne française, je m’oppose à la légalisation massive des pratiques des services de renseignement sans l’existence d’une Commission ayant un contrôle réel sur ces dernières.

Moi citoyenne française, je refuse que les éventuels manifestations et mouvements sociaux, nécessaires au dialogue et donc au maintien de la démocratie, soient assimilés à des actes de terrorisme au nom de « la sécurité nationale ».

Moi citoyenne française, je refuse que l’État français se déshonore et déshonore son passé, son Histoire, ses valeurs, et insulte son avenir, en encourageant la mise en place d’une copie de la NSA sur son territoire.

En l’état, nous sommes des dizaines de milliers de personnes, membres d’organisations, de collectifs ou simples citoyens, à réclamer la suppression pure et simple de ce texte. Et il est de votre devoir de nous écouter. Plus encore : de nous entendre.

A la fin du XIXe siècle, un jeune conseiller d’État dressait un réquisitoire contre les lois votées en 1893 et 1894 sous le choc des attentats anarchistes qui ensanglantaient alors la Troisième République. Par obligation de réserve, il signait anonymement « Un Juriste ». Il s’agissait en fait de Léon Blum.

Voici ce qu’il disait : « Telle est l’histoire des lois scélérates : il faut bien leur donner ce nom, c’est celui qu’elles garderont dans l’histoire. Elles sont vraiment les lois scélérates de la République. J’ai voulu montrer non seulement qu’elles étaient atroces, ce que tout le monde sait, mais ce que l’on sait moins, avec quelle précipitation inouïe, ou quelle incohérence absurde, ou quelle passivité honteuse elles avaient été votées ».

La négation de la démocratie, la surveillance de masse ont un prix, que paieront tous les citoyens de ce pays, sans exception. Vous en faites partie. Agissez.

Refusez d’associer votre nom, Madame, Monsieur, à la dérive totalitaire en marche dans notre pays.

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