Retrouvez mon article sur Opinion Internationale, à l’occasion du 25e anniversaire de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant
Entre pauvreté, cartels et prostitution : les enfants perdus de la nation mexicaine
Reportages d'actualité, longs-formats et interventions en directs
Retrouvez mon article sur Opinion Internationale, à l’occasion du 25e anniversaire de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant
La Gacilly. Si le nom de cette commune morbihannaise de moins de 2500 habitants vous dit quelque chose, c’est sûrement que vous être Breton. Ou bien un fervent admirateur d’Yves Rocher, qui y est né et qui y a naturellement installé les QG de son groupe et de sa Fondation éponymes. Non? Peut-être faites-vous partie de la « première entreprise de France » alors (l’Artisanat NDLR, au cas où vous seriez passé à côté de cette publicité désormais célèbre). Toujours pas? Amoureux de l’objectif, très certainement donc. Car cette commune n’est pas seulement connue pour avoir vu naître le papa de la cosmétique végétale, pour être le berceau des artisans d’art ou encore pour avoir des petites ruelles au charme fou. Une fois par an, le village se fait ville en accueillant quelques 300 000 visiteurs, devenant ainsi le plus grand Festival photo en plein air de l’hexagone. Tour d’horizon des œuvres exposées et morceaux choisis.
… croisant les regards de photographes issus du monde de l’art et du photo-journalisme ». C’est ainsi que les organisateurs définissent l’œuvre globale présentée lors de cet événement de grande envergure. Créé il y a tout juste dix ans par Jacques Rocher, le festival de La Gacilly fait la part belle à la Nature et aux Peuples. Plutôt large comme spectre, me direz-vous. ‘Ambitieux’ vous répondrait son fondateur. Un adjectif qui colle plutôt bien à ce Festival qui occupe 1000m² d’œuvres exposées pendant quatre mois, et qui transforme ainsi une bourgade en capitale française de la photo, le temps que les badauds se rincent l’œil – amateur ou averti.
Pour cette 11e édition, ce sont les États-Unis qui s’invitent en Bretagne. Point de hasard : il y a 70 ans exactement, l’opération Neptune se déroulait en Normandie, amorçant la libération de la France. 25 ans plus tard, au mois de juillet, les ‘ricains posaient le pied sur la lune et un certain Armstrong prononçait cette phrase historique : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité », asseyant de fait le soft power U.S. sur le monde entier.
Loin de mettre aveuglément le pouvoir exercé par l’Oncle Sam sur un piédestal, le Festival Photo a pris le parti de contrebalancer telle Galerie avec telle autre, faisant le choix de la diversité des œuvres exposées et de leur signification. Il en va ainsi de la série documentaire de Brent Stirton.
Né à Durban en Afrique du Sud, Brent Stirton est aujourd’hui basé à New York City où il est membre de l’agence Getty Images et où il défend une photographie documentaire engagée. Le festival expose sa série sur les Navajos, un peuple amérindien d’Amérique du Nord, chassé puis déporté par l’Armée fédérale américaine au XVIIIe siècle.
![Jeune garçon Navajo. Comparaison entre une photo prise par Edward Curtis au début du Xxe siècle et une photo prise par Stirton en 2014, lors d'un spectacle de danse Pow Wow. [Photo: Mélina Huet]](https://lesmiscellanees.info/wp-content/uploads/2014/08/dsc00032.jpg?w=1024&h=682)
Si vous rêviez de faire un tour à Las Vegas dans les prochains mois, de boire une menthe à l’eau (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé) en jouant au Blackjack, de vous baigner dans ses piscines indécentes ayant poussé au milieu du désert, Pete McBride va vous faire passer l’envie d’acheter vos billets d’avion pour cette ville mythique. Aventurier, sportif, écrivain, documentariste et photographe, celui qui a grandi dans un ranch sur les bords du fleuve Colorado s’est investi d’une mission: sensibiliser le public quant à la disparition progressive de ce fleuve légendaire. Or, nous démontre McBride, Las Vegas, Phoenix et autres villes artificielles américaines ne sont évidemment pas étrangères au processus de dessèchement. Ce qui était il y a peu un puissant fleuve est aujourd’hui à sec à environ 70 kilomètres au nord de la mer, où il ne parvient plus à se jeter.
Pour illustrer le danger de l’assèchement, Pete McBride a suivi le cours du fleuve sur 2330 kilomètres, la plupart du temps depuis un petit avion, traversant des paysages mythiques des États-Unis. Ses photos spectaculaires nous montrent ce que nous risquons de perdre si les pratiques ne changent pas : la surconsommation domestique et agricole des Californiens étant un fait. Dans cet Etat, c’est en effet plus de 1000 litres d’eau qui disparaissent… par jour et par personne!

Pour les anglophones, prenez le temps de regarder ce documentaire saisissant, qui a valu à McBride plus de vingt prix dans les Festivals où il a été projeté.
Si ce photographe né à New-York partage le même bout de galerie que McBride, ce n’est pas un hasard. Derrière des photos a priori abstraites et pour le moins ravissantes, se cache une réalité effrayante: celle de forêts éventrées, de mines à ciel ouvert, de continents de plastique et autres joyeusetés créées par l’Homme. Pour autant, le précurseur de l’art minimal ne se veut pas documentariste et avoue même sa « fascination pour la destruction du paysage, à la fois en terme de beauté formelle et de politique environnementale ». Cela peut paraître étrange, mais le festivalier comprendra peut-être s’il décide de passer par la Galerie des Jardins de la Passerelle. Il ne restera sûrement pas insensible aux photos de Maisel, prises à plus de 13 000 mètres d’altitude et révélant les ravages provoqués par la race humaine dans ce qui semble tenir d’une beauté déplacée, impolie, presque licencieuse.

Michael Nichols, originaire de l’Alabama, est un ancien de l’agence Magnum Photos. Celui qui a remporté plusieurs World Press pour ses reportages dans la catégorie Nature et environnement est aujourd’hui membre de l’équipe National Geographic, magazine pour lequel il est photographe animalier. Dans sa série « Le roi du Serengeti », il met fin au cliché selon lequel le continent africain regorge de lions. Il a posé ses valises en Tanzanie pour capturer de nombreux clichés de C-Boy, un lion qu’il a pris pour modèle, et de ses compagnons de cordée luttant pour leur survie à l’heure où ils doivent cohabiter avec des communautés humaines de plus en plus nombreuses chaque année.
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Anglais expatrié dans les montagnes du sud de la Californie, Nick Brandt a mis treize ans pour finir son œuvre photographique, dénonçant la disparition des animaux sauvages et des espaces naturels en Afrique de l’Est.

« On this earth, a shadow falls across the ravaged land »
Sur cette planète, une ombre tombe sur la terre ravagée » est son ultime sentence. Trois séries photographiques composent son œuvre, dont la dernière est exposée au Festival Photo. « J’ai constaté que la situation de la faune africaine s’aggravait, explique-t-il. La trilogie devait alors s’achever sur une note plus noire que celle sur laquelle je l’avais commencée ». Les tableaux en noir et blanc que vous trouverez à la Galerie du Labyrinthe Végétal communiquent les uns avec les autres, le plus souvent dans une forme de clin d’œil affreusement sombre. Je vous laisse juger par vous-même:

Si la star américaine de Magnum n’est plus à présenter, l’exposition gigantesque que lui consacre le Festival Photo de La Gacilly nous rappelle avec un choix finement étudié l’influence de Cartier Bresson sur le travail de McCurry. Un modèle français pour qui saisir l’instant fugitif — plus que décisif — était une quête permanente qui pouvait venir perturber à jamais — et pour le meilleur — le travail de composition.

De nombreuses autres œuvres photographiques, sans lien aucun avec les États-Unis, ponctuent le gigantesque parcours de la commune morbihannaise. A l’instar de Nomad, le projet initié par Russel James. Cet Australien davantage connu pour ses photos de mode de Victoria’s Secret a décidé de sortir de ses studios pour promouvoir, au moyen d’un travail mêlant art et photographie pure, le dialogue entre les peuples de son pays. Inspiré par les excuses publiques aux aborigènes du Premier Ministre australien en 2008, il décide en effet de créer un dispositif qui l’amène à collaborer avec des artistes autochtones et de communautés marginalisées. Le résultat:
Le travail de Floriane Lassée, « How Much can you carry? », retient lui aussi l’attention. Sa fascination pour les files de marcheurs portant des charges « aussi variées que volumineuses » le long des routes africaines l’a poussée à étendre son projet à d’autres continents, tels l’Amérique du Sud ou l’Asie. Népal, Japon, Indonésie, Bolivie, Brésil sont autant de destinations qui alimentent sa soixantaine de photos sur le thème du portage. Ce qui est appréciable? L’absence de misérabilisme. On découvre des modèles qui prennent la pose, qui rient aux éclats parfois, qui nous montrent avec fierté ce qui, souvent, les fait vivre.
Père du photojournalisme, grand reporter de guerre, cofondateur de Magnum, témoin de l’Histoire, baroudeur infatigable… il y a tant de casquettes à attribuer à cet Austro-hongrois, né Endre Ernő Friedmann, qu’on en perd ses repères. S’il s’est forgé la légende d’un photographe américain à ses débuts, pour accroitre ses ventes, le mythe ne tardera pas à devenir réalité. Pour lui rendre hommage, le Festival Photo a décidé de mettre en avant des clichés « loin de la fureur », Capa étant principalement connu pour ses tragiques photos. Des clichés qui firent l’Histoire, comme ceux des femmes tondues lors de l’épuration au sortir de la guerre. Vous découvrirez donc un autre Capa, loin des champs de bataille, capturant éclats de rire et situations ubuesques.

«Le festival Photo La Gacilly est devenu au fil du temps un rendez-vous unique, porteur pour l’image de la Bretagne et du Morbihan» affirme Jacques Rocher. Il parait donc logique que quelques séries photographiques saluent le département hôte de la manifestation. Ce seront cette année Georges Mérillon et Patrick Messina, respectivement avec Terre de vacances et Terre d’adoption, qui se chargeront de cet hommage local.
« Lorsque le Conseil général (…) et le Festival de La Gacilly m’ont proposé de capter les vacances dans le Morbihan, j’ai trouvé l’offre surprenante, explique G. Mérillon. Bien conscient que mon parcours photographique m’a plus souvent conduit à travailler sur des terres de souffrance que sur celles ensoleillées de la trêve estivale, le projet m’a pourtant immédiatement séduit. Le Morbihan était alors pour moi une terre inconnue. Je décidais, pour le visiter, de m’y rendre en moto, sans GPS, en suivant un cap tracé au gré des rencontres. Cette terre de Bretagne, je l’ai découverte ainsi, lors d’une croisière de 2700 kilomètres au travers de ses forêts et sur ses îles, le long de ses plages et de ses canaux, dans sa campagne, dans ses villes et ses châteaux. Je me suis laissé guider par le regard de ses visiteurs croisés au hasard du mois d’août. J’ai tenté de saisir l’image de ses hôtes venus trouver ici ces moments paisibles faits de petits riens, ceux qui donnent à l’été son rythme et sa saveur. »

Patrick Messina, lui, explique son attachement au Morbihan, né vingt ans plus tôt:
« Ma famille est partie d’Algérie en 1962. Je n’ai jamais eu de lieu familial, de point d’ancrage. Il y a 20 ans je découvrais ce lieu grâce à Delphine. Ses grands parents s’y installaient 30 ans plus tôt. Leurs 7 enfants ont maintenant 7 maisons et viennent le plus souvent possible avec leurs enfants. Certains y vivent toute l’année. Delphine y passait toutes ses vacances scolaires. Sans nous en rendre compte, petit à petit, Delphine et moi avons transmis cet intérêt pour le Golfe du Morbihan à nos deux enfants Alma (13 ans) et Côme (9 ans). Le Golfe du Morbihan fait partie du « club des plus belles baies du monde » ! C’est une mer intérieure d’une largeur de 20 kms parsemé de nombreuses îles et îlots. C’est une destination prisée pour la beauté de ses paysages. Depuis 20 ans la Presqu’île de Rhuys a beaucoup changé. Avec un formidable coup d’accélérateur depuis les années 1982-1983 et les lois de décentralisation Deferre. Partout la même trilogie – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements – concourt à un impressionnant étalement urbain. De plus en plus de bateaux de plaisance naviguent (ou restent à quai !) : agrandissement des ports et du nombre de mouillages. La liaison ferroviaire rapide Paris-Vannes attire de plus en plus de gens. Mais comme si rien n’avait changé, comme il y a 50 ans, nous et nos enfants aimons y retourner. Pour quelles raisons Delphine et moi aimons ce lieu ? Pourquoi Alma et Côme sont-ils tant attachés à cet endroit ? Dans chaque photographie, Alma et Côme sont présents tels des référents temporaires ».

Le voyage se finit là. Un texte en prose de Vincent Colin — écrit en août 2013 apprend-on — vient conclure la série morbihannaise. Le mystérieux auteur y relate avec nostalgie ses souvenirs du Logeo, ce petit port dans le Golfe du Morbihan à Sarzeau, à l’aube des années 60. J’ai décidé de faire une lecture de son texte, que je n’ai pu retrouver nulle part (même Google a ses limites), pour qui voudra prêter l’oreille à ces souvenirs personnels semblant universels, à ces instants de vie datés… quoiqu’ intemporels.
Texte de Vincent Colin (août 2013) exposé lors de la 11e édition du Festival Photo de La Gacilly (56). Mise à jour mars 2015: j’ai retrouvé LE Vincent Colin (il y en a plusieurs sur la toile). Faites un tour sur son site!
Lecture et montage audio: Mélina Huet
Pour ceux que la photographie intéresse peu, il est bon de signaler que La Gacilly est accessoirement un petit coin de paradis, pour qui se laisse bercer par le cours de l’Aff sans se préoccuper du temps qui passe.

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Aux grands amateurs de photo donc, ou aux simples curieux, il ne vous reste plus qu’un mois et demi pour profiter du Festival. Bonne nouvelle: c’est gratuit
Le site du festival: http://www.festivalphoto-lagacilly.com/
Voir la programmation complète
DU 31 mai au 30 septembre 2014
Mélina Huet
Construit sur approbation d’Adolphe Thiers en 1843 afin de défendre Paris des invasions, le Fort d’Aubervilliers a eu plusieurs vies : tour à tour lieu privilégié par Frédéric et Irène Joliot-Curie (« fille de ») pour leurs recherches sur la radioactivité au début du XXe siècle, gendarmerie puis casse automobile dans les années 80, ses 35 hectares accueilleront d’ici à 2022 un nouveau quartier d’habitat faisant la part belle aux espaces verts. Mais si le lieu a beaucoup fait parler de lui récemment, c’est pour d’autres raisons. S’y tenait en effet du 17 mai au 27 juillet une immense expo de streetart : l’In Situ Art Festival. Lire la suite « REPORTAGE PHOTOS – « In Situ Art Festival », du street art à Aubervilliers »
«La croissance en Europe est fragile : il faut trouver les moyens de l’encourager ». C’est en citant Christine Lagarde, intervenant plus tôt ce dimanche, que Vincent Giret (Le Monde) ouvre ce dernier débat. Selon Michel Barnier et Jacques de Larosière, la stabilisation étant confirmée, c’est une phase proactive qu’il faut désormais engager. Si les outils à mettre en place pour atteindre cet objectif font l’unanimité, les méthodes et les échéances, elles, divisent.
Lire la suite « Eurozone : de la stabilisation à la croissance »
Le deuxième débat des Rencontres s’est déroulé sous forme de consensus. Remettre l’innovation au cœur des politiques européennes, développer la R&D et investir dans les NTIC pour replacer la production et l’innovation au centre du « Vieux continent » : ces conditions sine qua non du retour à la compétitivité, et donc de la reprise d’une croissance tant espérée, ont fait l’unanimité parmi les intervenants.
Lire la suite « Europe : Innover et harmoniser pour un retour vers la compétitivité »
Dimanche 27 avril 2014 – En cette Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, les habitants de Fontenay-aux-Roses (92) ont eu l’occasion d’assister à une commémoration singulière, marquant la remise de la médaille et du diplôme des Justes parmi les Nations à Raymond Lesueur.
Lire la suite « Un nouveau ‘Juste parmi les Nations’ en France »
Prise de conscience soudaine ? Ras-le-bol qu’on nous prenne pour des portes-monnaies ambulants ? Aveu de ma malbouffe quasi permanente ? Rencontres récentes avec des gens bien plus intelligents et bien plus sains que moi ? Les quatre, sans aucun doute. C’est mon premier billet « santé », mais loin d’être le dernier…
[Enfin, ça c’est si je parviens à faire attention à ce que je mets dans mon assiette, à lire les étiquettes (des produits, de mes jeans) et à prendre à « bras le cœur » mon manque de bonne volonté sur le long terme concernant le « manger intelligent »]
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Étudiants, jeunes salariés, workaholics, casaniers, smicards … nous sommes de plus en plus nombreux en France (mais pas que) à faire nos courses dans des supermarchés qui se ressemblent tous, et à les faire le plus vite possible pour sortir de l’enfer de ces endroits aseptisés, où gamins hyperactifs qui nous bousculent sans cesse côtoient petits vieux en déambulateurs qui n’avancent pas (agaçant, pas vrai ?). Là-bas, et contrairement aux petits marchés qui pourtant pullulent dans toutes les villes et les campagnes de l’hexagone, nous ne discutons pas avec les producteurs, les céréaliers, les éleveurs, pas même avec les distributeurs, qui sont pourtant nos intermédiaires les plus proches (« Allô Messieurs Carrouf, Bonoprix, Pôchamps ? Ils viennent d’où vos poissons panés, dis ? ». Non, ça n’est décidément pas possible).
Seules à pouvoir nous renseigner sur la provenance de ce que nous mangeons, nous regardons pourtant rarement les étiquettes… et attachons beaucoup d’importance aux prix. C’est normal: dans ces endroits dédiés à la consommation de masse, nous souhaitons généralement allier efficacité (« métro, boulot, dodo ») et moindre coût. Nous, qui sommes perdus devant le choix qui s’offre à nous, sélectionnons donc souvent le moins-disant, ce « premier prix » qui finira dans nos caddies, puis dans nos assiettes et, au final, dans nos petits corps (de plus en plus gros, de plus en plus tôt. Fléau. Juste pour la rime). Et puis avouons-le sans devoir en rougir : on n’a pas toujours l’argent pour s’acheter du beau et du bio (du vrai*), tout simplement.
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Sauf que voilà, à force de mal manger, on met notre santé en danger (rien de nouveau sous le soleil me direz vous). Ce qu’on a tendance à oublier, ou ce dont on n’a tout simplement pas conscience, c’est qu’avec nos diabètes de type II (qui apparaissent le plus souvent sur le tard, après des années de malbouffe même après avoir eu l’impression d’avoir « fait attention », « bien mangé », « fait du sport », « un super méga bon métabolisme j’te dis ! » ), nous nourrissons une autre industrie que celle (agro)alimentaire. Allez c’est pas dur, je vous laisse deviner. Une industrie plutôt connue, qui fait souvent parler d’elle en tout cas. Puis qui met beaucoup d’argent dans de jolies pubs bien ficelées pour qu’on oublie son petit côté pas jojo. Je vous le donne dans le mille : l’industrie pharmaceutique.
Pour éviter de l’engraisser, (en avalant 1000 cachetons par jour telle une mamie de 25 balais pour faire baisser mon mauvais choléstérol (LDL)), pour éviter d’engraisser les laboratoires donc, ça fait longtemps que je me dis que je vais faire attention à ce que je mange. Alors depuis des mois, je me jette sur le bio* avec des gammes supermarché de plus en plus accessibles (ça c’est plutôt une bonne nouvelle me direz-vous encore) et j’essaie de remplir mes paniers de ces jolis produits labellisés « AB » à hauteur de 60%. Là où le bât blesse, c’est quand je souhaite manger de la protéine (de la « prot » comme disent les petits musclés) : viande, poisson, tofu, œufs, etc. là j’abandonne le bio car ça coûte la peau de l’arrière train. J’achète donc des produits protéinés issus de l’agriculture dite conventionnelle. Mais j’essaie de le faire en accord avec ce qui est le mieux pour mon corps.
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Récemment, j’ai appris quelque chose sur l’équilibre oméga 3 / oméga 6, dont je parlerai plus tard[1]. Pour faire court : le rapport actuel entre ces deux types d’acides gras constaté en Europe est de 1 à 18… pour 1 à 5 conseillé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES, anciennement AFSSA). C’est-à-dire qu’on consomme plus de trois fois trop d’oméga 6 que ce qui est recommandé par les experts. Je suis donc logiquement allée chercher les omégas 3 qui me manquaient… là où Wikipedia me disaient d’aller sans trop m’abimer : le poisson.
Sauf que, encore une fois, des raisons économiques m’ont poussée à compléter mon saumon issu de l’Agriculture biologique avec un poisson blanc pas très cher, histoire d’avoir encore de l’argent pour me payer un tour en vélib ce mois-ci (la folie!)
En rentrant chez moi, je m’interroge quand même sur le prix. Pourquoi ce poisson là serait à 3€50 les deux tranches alors que le reste de ma pêche de supermarché coûte le double ? Je regarde l’étiquette, je google et là, BAM. Dans ma face ! je veux dire : oulala Quelle ne fut pas ma surprise !
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Je bouffe DE LA MERDE des choses pas très saines, m’explique-t-on ici

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Nul besoin d’aller plus loin dans cette chronique, il suffit de lire l’article de l’ASEF[2] sur ce beau poisson qu’est la panga(et que je viens d’avaler, croumf croumf) pour se rendre compte de ce qu’on loupe lorsque l’on est simplement trop fainéant pour… regarder ce qu’on met vraiment dans nos assiettes.
Conclusion : prenez trois minutes, lisez les étiquettes, puis renseignez-vous sur ce que vous mangez (vivent les smartphones et l’Internet !), partagez vos commentaires et vos idées saines avec vos amis, votre famille, sur ce blog, avec moi (allez, soyez sympas), même avec les gens que vous n’aimez pas. Car personne ne mérite de bouffer du poisson dans lequel on a injecté de l’urine déshydratée de femmes enceintes.
A bon entendeur
« On n’est curieux qu’à proportion qu’on est instruit »
disait ce bon vieux Jean-Jacques (Rousseau).
Alors soyez curieux!
Mélina Huet
*le vrai bio fera l’objet d’une chronique future. Parce que le bio, non, c’est pas toujours beau.
[1] A ce propos, lire l’excellent ouvrage de Pierre Weill « Mangez, on s’occupe du reste », aux éditions Plon, qui vient de paraître (27 février 2014).
Article de Courrier International d’après mon interview de Francis Fukuyama
Cliquer sur l’image pour une redirection vers l’article de Courrier International

Près de cinq ans après la crise qui a conduit à la faillite de Lehman Brothers, qui a profondément ébranlé le système financier des économies développées, les traces du choc subi sont encore profondes et le financement de l’économie continue d’en être affecté, dans diverses régions du monde. Comment améliorer le fonctionnement de nos systèmes financiers ? C’est la question délicate à laquelle se sont attelés les intervenants de cette session.
Les grands principes. Pour financer une économie, nous rappelle l’économiste Anton Brender, il faut deux éléments aux deux bouts d’une même chaîne. D’un côté, des gens qui dépensent moins que ce qu’ils gagnent. De l’autre, une demande d’acteurs qui acceptent de s’endetter, avec bien sûr l’assurance de rembourser à plus ou moins long terme. Et puis il y a un troisième acteur, qui prend les deux bouts de la chaîne en charge : les systèmes financiers, dont la mission principale est de canaliser l’épargne mais aussi de gérer et d’apprécier les risques liés à ces opérations. « Pourquoi ces systèmes financiers sont ils aussi fragiles ? Parce qu’on mélange deux matériaux corrosifs : de l’argent et des risques », introduit Anton Brender. Des risques mal appréciés ces dernières années, de l’avis de tous les intervenants.
Le rôle des banques. Logique défenseur du système bancaire, Baudoin Prot, Président du groupe BNP-Paribas, souligne qu’ « il y a 8 000 banques en Europe et [que] les banques françaises jouent un rôle fondamental dans le financement de l’économie ». Pour Rémy Weber, qui va également dans ce sens, les banques françaises sont performantes quant au financement des entreprises, surtout les moins grandes : « les PME se financent encore énormément auprès des banques ». Il met en avant la proximité entre celles-ci et les petites structures cherchant à emprunter : « quand vous rencontrez des difficultés, vous êtes bien content quand votre banquier vous connait depuis des années et a connaissance de votre parcours, alors que quand il y a plein d’acteurs en jeu, dont vous dépendez, c’est plutôt rare d’être compris ».
L’accès des entreprises aux financements. Comment faciliter l’accès des TPE et PME au marché en finançant leur insertion ? C’est la question que pose Jean-Pierre Jouyet, Directeur général de la Caisse des Dépôts. L’entreprise doit déjà avoir des ressources pour pouvoir être financée. Cela ne semble donc pas dépendre de cette institution financière publique, mais plutôt des entreprises elles-mêmes. « Les infrastructures doivent être compétitives également. Or, celles-ci sont insuffisantes en France et même au niveau européen, que ce soit à moyen ou à long terme », dénonce le haut fonctionnaire. Et Dietmar Bahr, de la Johannes Fuehr – institution qui s’occupe de la gestion obligataire en Allemagne – de poursuivre en citant l’exemple allemand, dont la plus grosse force de travail est concentrée dans les PME, et non dans les grandes entreprises, contrairement à ce qui est communément admis.
Maîtrise des risques. Comment prévenir la prise de risques excessive sans entraver celle nécessaire ? Selon Baudoin Prot, cela passe par le renforcement des règles financières dans le secteur bancaire français et par un effort de mise en réserve. Quant au « shadow banking » (la banque de l’ombre) évoqué en introduction par l’économiste Anton Brender, monsieur Prot estime qu’il ne représente pas, en Europe du moins, un risque à l’heure actuelle. Contrairement à la Chine ou aux Etats-Unis, deux grandes puissances où le problème de la régulation se pose.
Le sujet fondamental du financement de l’économie, à l’heure où les crises systémiques laissent encore des traces sur les systèmes financiers, semble toujours aussi difficile à aborder. Si l’utilité des banques, le rôle de la caisse des dépôts, ou même des actionnaires – en la personne de Georges Terrier – ont été débattus, quelques questions sont restées sans réponses, comme l’avenir du crowd-funding dans le financement de l’économie, pourtant évoqué par un jeune entrepreneur lors du débat final.
Mélina Huet
Publié sur: http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/session-13-financer-l-economie,1283
Image à la une: Pixabay/ CC Geralt

La Revanche de la nature, « c’est la session la plus importante des rencontres. Celle au titre le plus provocateur aussi », introduit avec audace l’économiste Jean-Marie Chevalier. Les défis sont nombreux. En 2050, il y aura 2 milliards de personnes en plus à accueillir sur la terre. A nourrir aussi.
Changement climatique versus or bleu. « Le plus gros challenge du XXIe siècle sera celui du changement climatique » affirme Antony Turner, PDG de Carbon Visuals, une entreprise qui propose de rendre visible ce qui est invisible : notre empreinte carbone. Pour Jean Louis-Chaussade, DG de Suez environnement, c’est pourtant loin d’être le plus grand défi écologique actuel : « non, le XXIe siècle sera celui de l’eau, ou plutôt de la disponibilité de l’eau ». Selon lui, d’ici à 2030 ou 2040, 50% de la population mondiale vivra des périodes de stress hydrique. La solution ? Des consensus, dont le plus important devra concerner la gestion des usages de l’or bleu.
Un sujet qui divise : le nucléaire. Pour Pierre Gadonneix, président du Conseil Mondial de l’Energie (WEC), le constat récent le plus rassurant est qu’il y a plus de ressources énergétiques fossiles que ce que l’on aurait cru. Ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, car on a tendance à se reposer sur ce constat au lieu d’agir – en conciliant court et long terme, rappelle l’ancien polytechnicien. Or il faut décarboner. Comment ? En associant capture des émissions de CO2, mise en avant des énergies renouvelables et… nucléaire. Il s’agit là d’une réponse à son voisin, Philippe Germa (DG de WWF France), qui venait de crier sa hantise de ce type d’énergie, représentant de trop gros risques selon lui. « Il faut bien que je donne mon point de vue ! » a-t-il répliqué, face à la désapprobation de Luc Oursel (AREVA). Sans surprise, ce dernier a effectivement fait écho à Pierre Gadonneix : « Le nucléaire n’est pas incompatible avec le développement des énergies renouvelables. Évidemment, on mettra un point d’honneur à repenser la sûreté en fonction des expériences passées, comme Fukushima ».
De la nécessité d’investir dans la Recherche et le Développement (R&D). Ce besoin, lui, semble faire l’unanimité. Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui promeut une économie circulaire, refuse que celle-ci fasse référence au passé. S’il faut miser sur la R&D, selon cet agriculteur, c’est qu’elle a déjà fait ses preuves. L’informatique embarquée, par exemple, permet de faire des économies – et de l’écologie –, en incitant ses confrères à apporter la bonne dose de produits au bon moment, là où c’est utile. Quant à Luc Oursel, il est également favorable à une plus grande part des grands programmes de R&D dans les budgets européens.
L’Europe au cœur du débat. « Elle n’est pas parvenue à mettre en place une politique énergétique commune. Ce qui est un paradoxe, puisque la naissance de l’Europe, c’est la CECA, basée précisément sur l’énergie ! ». C’est la sentence de Pierre Gadonneix, repris plus tard par Luc Oursel, qui souhaite un programme européen commun concernant les questions énergétiques. Jean-Marie Chevalier, qui se fait le chantre de l’europtimisme en conclusion de la session, juge la critique trop dure : « tout reste à faire […] il faut y croire ».
Finalement, le débat sur la Revanche de la nature a « quelque chose de rassurant », conclut-il. On a un sursis : il nous reste plus de ressources non renouvelables que ce que l’on imaginait il y a quelques années. Là où le titre trouve sa justification en revanche, là où l’on ‘‘frissonne’’, c’est lorsque l’on s’aperçoit que les énergies fossiles se financent sans problème alors que les économies d’énergie, elles, restent sur la touche. La question de Bo Frank, maire et père de Växjö, la ville « la plus verte du monde » – selon ses propres termes –, prend alors tout son sens : « quelle valeur a l’argent… quand on ne peut pas respirer ? ».
Mélina Huet
Article publié sur: http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/session-6-la-revanche-de-la-nature,1291
Image à la une: © Cercles des Economistes